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Élections : Que propose-t-on aux aînés?
Lucile Nadeau-Brunet
19/9/2021

Élections : Que propose-t-on aux aînés?

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5 Minutes
Initiative de journalisme local
Journaliste:
ILLUSTRATEUR:
COURRIEL
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Note de transparence

La campagne électorale lancée le 15 août dernier par Justin Trudeau est d’une durée minimale de 36 jours tel que prévu par la loi. Cette contrainte représente non seulement une difficulté pour des organisations comme Élections Canada, qui doivent trouver de la main-d'œuvre très rapidement, mais aussi pour des aînés comme Lucile Nadeau-Brunet. La nonagénaire a récemment déménagé dans un nouveau quartier, ce qui l’oblige dans un très court  délai à s'inscrire sur la liste électorale si elle veut être en mesure de voter le 20 septembre prochain. Élections Canada permet toutefois seulement de s'inscrire à l’avance à la liste électorale par Internet, service auquel Mme Nadeau-Brunet n’a pas accès.

Comme elle n’est pas en mesure de s'inscrire à l’avance sur Internet, elle n’a pas non plus reçu la documentation qui lui indique à quel bureau de vote elle doit se présenter. Pour voter, elle doit donc trouver par elle-même quel est son bureau de vote et s’inscrire la journée même du vote. L’inscription le jour même vient avec son lot de défis et de stress pour une personne de son âge, puisqu’elle doit s’assurer d’amener toute la documentation nécessaire à ce processus.

Celle qui aura bientôt 100 ans ne cache pas son désarroi devant la difficulté de compléter toutes ces étapes par elle-même. « On ne voit à peu près personne [ en raison de la pandémie]. Si un de mes amis m’avait dit 'viens-t'en, moi je vais y aller avec toi [t’inscrire sur la liste électorale]’, je l’aurais fait, mais là ce n’est pas possible. »

Accès aux services gouvernementaux

Le Parti libéral a une promesse claire en ce qui a trait à l'accessibilité des services aux aînés. L’équipe de Justin Trudeau s’engage à créer un numéro sans frais pour « aider les aînés à accéder au soutien du gouvernement ». Cette ligne servira de « point d’accès unique à un vaste éventail de services et de prestations du gouvernement ».

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) veut quant à lui aider les aînés à accéder à la technologie en augmentant le « financement aux programmes communautaires », sans toutefois mentionner spécifiquement son désir de simplifier l’accès aux services gouvernementaux. Le Bloc Québécois « propose un investissement de 15 millions pour étendre les services d’aide financière [...] en particulier aux personnes âgées, via les services communautaires ».

Cette promesse comprend de l’aide gratuite à la préparation des déclarations de revenus, la recherche de prestation et l’accompagnement budgétaire. Quant aux plateformes des Verts et des Conservateurs, elle ne fait pas mention de cet enjeu.

Précarité financière

« Le sujet qui parle le plus à nos membres, c’est la précarité financière des aînés », lance sans équivoque la présidente du réseau FADOQ, Gisèle Tassé-Goodman.

Celle qui dirige le plus grand organisme d’aînés au Canada, avec plus d’un demi-million de membres, cite en exemple l’augmentation des loyers et du coût du panier d’épicerie pour appuyer son affirmation. « Les aînés peinent à combler leur fin de mois », laisse-t-elle tomber. Sur le site web de la FADOQ, Mme Tassé-Goodman explique qu’on peut y voir des centaines de témoignages qui évoquent les difficultés économiques que les aînés rencontrent.

« Ils sentent que le gouvernement n’a pas été à l’écoute de leurs besoins », se désole-t-elle. Elle s’indigne aussi particulièrement de la création de « deux classes d’aînés », qui découle de l’annonce dans le plus récent budget du gouvernement de Justin Trudeau d’augmenter les pensions de vieillesse de 10% pour les 75 ans et plus. Les aînés de 65 à 75 ans, qui eux aussi reçoivent la pension de vieillesse, se retrouvent exclus de cette bonification.

Sécurité économique

Comme mentionné ci-haut, les Libéraux veulent « poursuivre la mise en œuvre de [leur] plan visant à augmenter les prestations de la Sécurité de la vieillesse (SV) de 10 % l’année prochaine pour les aînés de 75 ans et plus ». De plus, ils promettent « d'augmenter le supplément de revenu garanti (SRG) de 500 $ pour les aînés vivant seuls et de 750 $ pour les couples, à compter de l’âge de 65 ans ».

Les Conservateurs veulent inciter les aînés à rester sur le marché du travail en « doublant l’allocation canadienne pour les travailleurs jusqu’à concurrence de 2 800 $ pour les particuliers et de 5 000 $ pour les familles ». Cette mesure offrira donc « une augmentation salariale de 1 $/heure aux aînés à faible revenu pour ceux qui décident de travailler à temps partiel ».

Le Bloc Québécois dénonce l’augmentation exclusive de la SV pour les 75 ans et plus, qui « représente seulement la moitié des prestataires ». Il réclame « une hausse substantielle de 110$ par mois de la pension de la SV pour tous les aînés de 65 ans et plus ». Le NPD veut s’assurer qu’aucun aîné ne voit ses prestations de SRG suspendues pour un problème administratif. C’est pourquoi ils veulent, dans un délai d’un an, empêcher cette pratique contre ceux qui sont incapables de produire leur déclaration de revenus dans les délais prescrits.

Le Parti vert offre plusieurs propositions pour diminuer le fardeau financier sur les aînés, comme le revenu de subsistance garanti et l’assurance médicaments, sans toutefois donner de chiffres précis sur ce que représentent ces allégements.

Rester chez soi plus longtemps

L'habitation est un cheval de bataille pour Lucile Nadeau-Brunet qui, malgré qu’elle approche les 100 ans, vit toujours chez elle. Elle veut que les politiciens permettent aux aînés de « rester maîtres de leur demeure » et ainsi offrir à plus de personnes âgées la possibilité de vieillir chez eux.

Pour Mme Nadeau-Brunet, les maisons des aînés, annoncées par le gouvernement Legault dans la foulée de la tragédie des CHSLD au Québec, ne représentent pas un réel changement dans la façon dont la société gère la vieillesse. « Il faut que ce soit des habitations qui permettent aux aînés de se sentir chez eux et de s’impliquer dans la société à leur façon », explique-t-elle. Sa vision de la vieillesse n’en est pas une où les aînés sont exclus des choix sociétaux, mais bien une où ils sont partie prenante des décisions qui les concernent.

Rénover pour rester

Les propositions des Conservateurs et des Libéraux en termes d’aide pour le soutien à domicile sont assez similaires. Les deux partis veulent augmenter le crédit d’impôt pour l’accessibilité domiciliaire, une mesure qui permet d’adapter une demeure aux besoins d’une personne âgée à mobilité réduite. Les libéraux veulent doubler ce crédit d’impôt à 20 000 $ alors que les Conservateurs souhaitent augmenter sa limite de 10 000 $ par logement à 10 000 $ par personne.

Le parti d’Erin O’Toole veut aussi créer la Prestation canadienne pour les soins aux aînés, qui verserait 200$ par mois à tout ménage qui vit avec un parent de plus de 70 ans et qui en prend soin. Faisant écho à l’une à l’une des demandes formulées par la FADOQ, le NPD, s’il est élu, rendra le crédit d’impôt pour aidant naturel remboursable. Le Parti vert, sans donner de chiffre, veut fournir aux provinces et territoires un transfert spécial de soins aux aînés, dédié à des améliorations précises aux soins à domicile ».

Le Bloc Québécois, bien qu’il ne propose pas de mesures spécifiques en logement pour les aînés, demande « à ce que 1% du budget du gouvernement fédéral soit octroyé pour la construction de logements sociaux et communautaires ».

Écouter les aînés

Gisèle Tassé-Goodman ne se fait pas d’idées quant aux défis à relever dans les mois à venir, peu importe le gouvernement qui sera élu. « Pour nous, il faut que les engagements envers les aînés soient accomplis et que le gouvernement soit à l’écoute des personnes âgées », espère-t-elle. La pandémie a mis à mal les conditions de vie de la population qu’elle défend et elle croit que le bien-être des aînés du Canada passe par une combinaison de plusieurs facteurs, comme la sécurité financière et un système de santé efficace.

Elle se réjouit que six des sept priorités établies par son organisme aient fait leur chemin dans les plateformes des partis fédéraux. Et si on pouvait réaliser l'une de ses demandes, laquelle choisirait-elle?

« Toutes nos demandes sont prioritaires », conclut vigoureusement la présidente.Tous les partis politiques ont été contactés et questionnés sur leur programme concernant les aînés pour la rédaction de cet article.

Le Parti libéral, le Parti conservateur, le NPD et le Parti vert n’avaient pas répondu à nos questions au moment d’écrire ces lignes. Seul le Bloc québécois nous avait répondu.

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