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Précarité menstruelle à Montréal : Des aides méconnues, un besoin urgent
Illustration : Sonia Ekiyor-Katimi
17/1/2025

Précarité menstruelle à Montréal : Des aides méconnues, un besoin urgent

temps de lecture:
5 Minutes
Initiative de journalisme local
ILLUSTRATEUR:
Sonia Ekiyor-Katimi
COURRIEL
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Note de transparence

En 2020, la pandémie a mis en lumière une réalité longtemps ignorée à Montréal : la précarité menstruelle. Pour y répondre, des initiatives comme la distribution gratuite de serviettes hygiéniques jetables dans les bâtiments publics ont vu le jour. La Ville a également mis en place des subventions pour l’achat de produits menstruels durables, comme les serviettes lavables et les sous-vêtements réutilisables, dans 17 arrondissements. Pourtant, ce programme reste largement méconnu, et les fonds alloués sont rarement utilisés dans leur intégralité. Dans un contexte où le coût des produits menstruels ne cesse d’augmenter, cette initiative pourrait représenter une solution. Pourquoi alors ne touche-t-elle pas celles qui en ont le plus besoin ? La Converse est allée à la rencontre des premières concernées. Reportage. 

Vendredi 10 janvier. Sur le boulevard Saint-Laurent, les bureaux de l’organisme Collectif Bienvenue sont nichés au 8ᵉ étage d’un grand bâtiment regroupant différentes entreprises. Trouver son chemin n’est pas évident, mais le passage de personnes venues récupérer des matelas nous guide vers la porte de ce centre communautaire dédié à l’aide d’urgence aux demandeurs d’asile.

À l’entrée, nous découvrons Selma, une intervenante de l’organisme. « On est censés être fermés pour les visiteurs aujourd’hui, mais certains ne le savent pas. Quand ils ont des besoins urgents, je me vois mal leur dire de revenir la semaine prochaine », explique-t-elle avec un sourire en coin. 

L’espace qu’occupe l’organisme, impeccablement organisé, évoque presque un entrepôt : des sections séparées par de grandes étagères sont consacrées aux meubles, aux matelas, aux fauteuils, à la cuisine et aux vêtements d’hiver. Parmi les meubles imposants, on découvre des dizaines de cartons remplis de produits d’hygiène féminine : tampons, serviettes fines et épaisses, et même des coupes réutilisables. « C’est vrai que les femmes ne s’attendent pas à trouver des produits menstruels ici. Mais quand elles l’apprennent, elles sont surprises et soulagées », raconte Selma en tirant un carton. « On met toujours une dizaine de serviettes dans nos kits pour les nouveaux, reprend-elle. Si quelqu’un a besoin de plus, on donne un paquet entier. Ce n’est pas un problème pour nous, car on sait que c’est cher… c’est très très cher » insiste-t-elle. « Certaines me disent : “Oh, j’en avais besoin, je devais en acheter, mais je ne pouvais pas.” D’autres encore : “C’est cher ici, merci. J’utilisais du tissu à la place.” »

Chaque jour, au moins quatre paquets de serviettes sont distribués à des bénéficiaires variées : des femmes en foyer d’hébergement, des nouvelles arrivantes ou encore des étudiantes internationales qui n’ont plus un sou dans leur compte. « On en distribue à toutes celles qui pourraient en avoir besoin, honnêtement. Pour nous, c’est comme avoir du papier toilette à la maison. On ne devrait pas avoir à y penser. » Et pour ces femmes, qui sont souvent dans des situations précaires, ce simple geste peut faire la différence.

Des nouvelles arrivantes choquées par le prix des serviettes hygiéniques jetables

Cyrianne, 25 ans, est l’une des 200 bénévoles du centre. La jeune femme est arrivée seule de Guinée en janvier 2024. Gênée par la vue du microphone, elle sourit timidement et évoque brièvement son expérience. « Quand j’ai reçu mon premier kit avec les serviettes hygiéniques, j’étais tellement contente et soulagée !» confie-t-elle, avant de reprendre : « En Guinée, un paquet de 12 serviettes coûte à peine un dollar, mais ici, le prix me bloquait pour en acheter. » 

Aujourd’hui encore, Cyrianne et les autres bénévoles sont autorisées à prendre ce dont elles ont besoin dans les stocks de produits menstruels. « Celles qu’on a ici sont de bonne qualité ; elles sentent bon, ajoute-t-elle avec un sourire malicieux. Je sais que, si je ne pouvais pas me servir ici, je mettrais du papier toilette à la place. Bénévole depuis avril 2024 pour l’organisme communautaire, Cyrianne s’occupe à son tour de fournir des serviettes hygiéniques à toutes celles qui pourraient en avoir besoin lorsqu’elles viennent à l’organisme. Malheureusement, de nombreuses personnes ignorent encore l’existence d’initiatives comme celle-ci. 

C’est le cas d’Amina, 32 ans, arrivée au Québec en tant que travailleuse qualifiée en juillet 2024. Confrontée pour la première fois à la précarité menstruelle en arrivant sur l’île de la tortue, elle a communiqué avec La Converse pour que nous mettions ce sujet en lumière. Pour éviter toute stigmatisation, elle a préféré échanger avec nous au téléphone. 

Arrivée sur le territoire québécois pleine d’espoir, elle a entamé des formations avec Services Québec et s’est rapidement liée avec d’autres femmes récemment immigrées. Un sujet brûlant est vite ressorti de leurs discussions : le coût des produits menstruels.

« On était toutes d’accord pour dire que c’était trop cher. En Tunisie, un paquet de serviettes hygiéniques coûte environ 4 dinars, soit l’équivalent de 2 $. Ici, un paquet coûte entre 8 et 15 dollars, et la qualité n’est même pas meilleure », commence-t-elle.

Ce constat, partagé par de nombreuses nouvelles arrivantes, transforme un besoin essentiel en un luxe inaccessible. « Certaines femmes que j’ai rencontrées m’ont confié qu’elles évitent de changer trop souvent de serviette hygiénique, même si ça leur cause des irritations. C’est une situation difficile à vivre », ajoute-t-elle.

Avant son arrivée au Canada, Amina utilisait une coupe menstruelle pour des raisons écologiques. « Ici, c’est devenu un choix économique », confie-t-elle. Et l’adoption de ces nouvelles habitudes n’est pas sans contraintes. « Dans mon pays, les toilettes sont équipées de bidets. C’est pratique pour vider et nettoyer la coupe. Ici, dans les toilettes publiques, il n’y a pas d’intimité, ce qui complique beaucoup les choses », explique-t-elle.

Pour réduire les dépenses liées à l’achat de serviettes hygiéniques, Amina garde sa coupe menstruelle toute la journée, soit pendant 12 heures – le maximum recommandé –, plutôt que de la changer toutes les 6 à 8 heures, comme elle le faisait auparavant. « Je dois établir des priorités dans mes dépenses. Je suis venue avec toutes mes économies, mais elles ne valent pas grand-chose ici », laisse-t-elle tomber avec résignation.

Une précarité menstruelle exacerbée par la hausse des prix

Depuis juillet 2015, les produits menstruels ne sont plus taxés au Canada, une victoire obtenue grâce à la mobilisation du collectif féministe Canadian Menstruators et à sa pétition No Tax on Tampons. Bien que cette mesure représente un pas en avant, elle reste insuffisante pour répondre aux besoins des femmes en situation de précarité, déclare Amina : « C’est vrai qu’ils sont détaxés, mais les prix des produits menstruels ne font qu’augmenter, donc financièrement on ne sent pas cette détaxe. » 

Les données de Statistique Canada révèlent en effet une hausse de 3 % du prix des produits menstruels de juin 2023 à juin 2024. Cette augmentation s’ajoute à une hausse générale de plus de 10 % du prix des produits de soins personnels au cours des deux dernières années. Et déjà en 2019, l’Association canadienne de santé publique estimait qu’une femme dépensait environ 6 000 $ en produits menstruels jetables au cours de sa vie.

Face à cette augmentation, des organismes comme Dignité Mensuelle, fournisseur de produits menstruels du Collectif Bienvenue, s’appliquent à offrir des solutions concrètes et à sensibiliser le public à l’urgence d’agir contre la précarité menstruelle.

De graves risques d’infections

« La précarité menstruelle peut toucher n’importe qui et à différents moments de la vie », affirme Estelle Beauclair, coordonnatrice des programmes éducatifs de l’organisme Dignité Mensuelle. La jeune femme évoque le silence entourant le phénomène : « On associe souvent cette précarité à des personnes vivant dans une grande pauvreté, mais elle touche aussi des mères monoparentales qui font passer les besoins de leurs enfants avant les leurs, des nouveaux arrivants qui peinent à joindre les deux bouts, ou encore des étudiants à faible revenu. »

Certaines personnes comme celles en situation de handicap, les personnes queers ou encore les étudiantes sont encore plus vulnérables en raison de leur situation sociale ou économique, explique-t-elle.

Revenant sur ses années universitaires, Estelle nous confie : « J’achetais quelques produits menstruels, puis j’utilisais du papier toilette. Sur le moment, ça ne paraissait pas si grave. Je préférais pouvoir avoir un toit sur ma tête. » Avec le recul, elle reconnaît aujourd’hui que cette situation, banalisée à l’époque, relevait de la précarité menstruelle.

« Et les conséquences de cette précarité vont bien au-delà de l’inconfort, insiste-t-elle. Ce n’est pas rare d’entendre des personnes dire qu’elles portent la même serviette hygiénique pendant 24 heures, superposent des protège-slips – moins coûteux – ou utilisent du papier journal, voire des chaussettes », déplore-t-elle.

Une personne menstruée sur cinq au Québec a déjà utilisé des moyens alternatifs (papier de toilette, tissu, etc.) en guise de produits menstruels en raison du prix de ces derniers. Source : Portrait du vécu des menstruations au Québec, RQASF

Ces pratiques augmentent les risques d’infections graves, notamment du syndrome du choc toxique, qui peut entraîner de graves complications, comme des amputations ou même la mort, prévient OXFAM France. 

Selon Estelle, la précarité menstruelle n’est pas seulement attribuable aux difficultés financières. Elle est également amplifiée par un accès limité à des installations sécuritaires et à des produits adaptés.

Certaines femmes sont davantage exposées à cette réalité. « Une femme en situation d’itinérance, souffrant d’endométriose, pourrait avoir besoin de produits particuliers, plus épais et durables. Or, ces articles ne lui sont souvent pas accessibles », illustre Estelle. Le manque d’accès régulier à des salles de bain sécurisées expose en outre ces personnes à des risques accrus pour leur santé. Leur précarité les éloigne également des soins médicaux, une situation aggravée par l’absence d’adresse, le manque de médecin de famille et les préjugés auxquels elles font face, poursuit-elle.

Les conditions de la sécurité menstruelle, selon l’organisme Dignité Mensuelle

  • Accès à des produits menstruels adaptés : offrir des solutions correspondant aux besoins individuels.
  • Accès à des salles de bain sécuritaires : ouvertes 24 heures sur 24, équipées de portes qui se ferment correctement.
  • Accès à l’eau courante : installations permettant de se laver les mains et d’assurer l’entretien des produits menstruels réutilisables.
  • Accès à des soins médicaux : pour traiter les maladies ou les troubles menstruels, comme l’endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques, et pour accompagner les femmes ménopausées.
  • Accès à des poubelles : pour jeter les produits menstruels de façon hygiénique et en toute discrétion.

Le rôle croissant des services municipaux

En 2024, 55 organismes ont reçu des produits d’hygiène menstruelle fournis par Dignité Mensuelle, rapporte Estelle. « La plupart du temps, ce sont des dons réguliers. On essaie de faire une livraison toutes les six à huit semaines », précise-t-elle. 

Pour y parvenir, l’équipe loue deux véhicules et se répartit les circuits dans différents secteurs de la ville. « À notre dernière livraison, à la mi-décembre, nous avons desservi huit ou neuf organismes », ajoute-t-elle avec fierté.

Cependant, face à la pression croissante, l’organisme doit parfois rediriger les demandes qu’elle ne peut honorer vers des services municipaux. « Les besoins sont immenses. On parle parfois de 5 000 tampons par mois… On ne peut pas répondre à toutes les demandes », confie la jeune femme, visiblement déçue. 

En 2021, la Ville de Montréal a mis en place un projet pilote de distribution gratuite de produits menstruels jetables dans plusieurs édifices municipaux. Ces articles étaient d’abord accessibles à l’hôtel de ville, au Jardin botanique, à la bibliothèque d’Ahuntsic et au centre communautaire Jean-Claude-Malépart. Cette initiative, bien accueillie, a été élargie à d’autres lieux au fil du temps. Cependant, elle n’est pas sans faille.

« On nous rapporte souvent des ruptures de stock. Les produits sont parfois indisponibles, ou les gens doivent les demander explicitement », déplore Estelle. De plus, le choix de produits reste limité. « Parfois, seuls des tampons sont disponibles, ce qui n’est ni inclusif ni totalement sécuritaire pour tout le monde. Cela dit, l’initiative est belle, mais des ajustements sont nécessaires. »

Des subventions inégales pour des protections durables

Depuis 2020, la Ville de Montréal dispose d’un programme de subventions pour l’achat de produits menstruels durables, géré par les écoquartiers de chaque arrondissement. Les personnes ayant fait l’achat de serviettes lavables, de coupes menstruelles ou de culottes menstruelles réutilisables peuvent en demander le remboursement partiel, suivant les conditions de l’arrondissement où est soumise la demande.

Cependant, une enquête menée en 2023 par le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF) mettait en lumière certaines lacunes importantes : près de la moitié des répondantes ignoraient l’existence dans leur quartier de subventions pour l’achat de produits menstruels durables.

Élise Brunot, directrice du RQASF, connaît particulièrement bien ce sujet, sur lequel elle a déjà travaillé.

« On voit qu’il y a des arrondissements où les subventions partent extrêmement vite, tandis que d’autres peinent à les écouler », souligne-t-elle. Cette situation est attribuable notamment aux écarts budgétaires entre les arrondissements et aux différences dans l’allocation des fonds.

Les disparités budgétaires sont en effet frappantes. Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, qui avait un budget de 57 500 $, n’a utilisé que 35 % des fonds alloués, et Saint-Léonard, disposant d’une modeste enveloppe de 2 500 $, a affiché un taux d’utilisation d’à peine 16 %. À l’inverse, des arrondissements comme Ahuntsic-Cartierville, Ville-Marie et le Plateau-Mont-Royal ont distribué toutes leurs subventions.

Selon Élise, ces écarts s’expliquent en partie par les approches adoptées : « Certains arrondissements intègrent ces subventions à d’autres programmes, comme celui consacré aux couches lavables. Selon l’approche, ça fait une grande différence. Une enveloppe dédiée uniquement aux produits menstruels durables aurait plus d’impact. »

Une sensibilisation variable selon les quartiers

À ces disparités, Élise ajoute le manque de sensibilisation dans certains secteurs. « C’est évident que, sur le Plateau, ça touche plus facilement sa cible que dans des arrondissements comme Montréal-Nord ou Hochelaga, commence-t-elle. Le public est différent : ils n’ont pas nécessairement le même accès à ce genre de sujet ou conscience de l’utilité des produits menstruels durables. » 

Malgré les efforts de sensibilisation de son organisme, Élise reconnaît qu’il reste difficile de toucher toutes les personnes concernées, surtout celles qui en ont le plus besoin. « Je vais faire une caricature qui me semble assez réaliste, mais quand on n’a pas beaucoup d’argent, qu’on est mère monoparentale, on n’a pas forcément envie de se prendre la tête avec des culottes, des serviettes qu’on doit laisser tremper, qu’on doit laver. On va au plus simple, au plus efficace : au jetable – même si c’est plus cher à long terme. »

Des démarches administratives qui relèvent du « parcours du combattant » 

Autre frein majeur : la communication. Selon Élise, tous les arrondissements ne mettent pas en avant ces programmes de manière claire. « On est tannée de demander le remboursement, donc en fait, on lâche l’affaire. Certaines démarches sont un véritable parcours du combattant. Parfois, il faut se déplacer à la mairie avec une facture ; d’autres fois, tout se fait en ligne, et il faut scanner sa facture si ce n’est pas une facture numérique. Donc, ça exclut forcément toutes les personnes qui n’ont pas les outils ou les compétences nécessaires. »

Elle ajoute : « Les sites Web de certains arrondissements ne sont pas ergonomiques, ils sont vieux. Pour ma part, j’ai soumis une demande, mais je n’ai reçu aucune réponse, ni même un accusé de réception. Cependant, j’ai eu un remboursement au bout de trois mois. » 

Une dépense de départ « hyper élevée » avant d’être remboursée

« Les produits menstruels durables, ça coûte une fortune, reprend celle qui a récemment renouvelé son stock de culottes menstruelles. J’ai dépensé un peu plus de 250 $, mais je n’ai bénéficié que d’un remboursement de 50 $, ce n’est pas non plus extraordinaire. À long terme, c’est évident que c’est moins cher que d’acheter des serviettes jetables. Mais pour le moment, c’est une dépense de départ qui est hyper élevée. Ces 200 $, il faut les sortir. »

Trois personnes sur 10 souhaiteraient utiliser des produits durables, mais trouvent que ces articles sont trop dispendieux. Source : Portrait du vécu des menstruations au Québec, RQASF

Quant aux alternatives, comme la coupe, Élise y voit une solution moins coûteuse, mais pas sans contrainte : « Faut pouvoir aller dans des toilettes où t’as un lavabo à ta disposition. Dans la cabine, pas dehors. »

De plus, le taux de remboursement varie également d’un arrondissement à l’autre : certains couvrent jusqu’à 75 % des frais, d’autres 50 %, et d’autres encore offrent des montants plus modestes, avec un maximum de 50 $ de remboursement.

Centraliser les demandes de subventions à la Ville ? 

Pour Élise, il est évident que le programme de subvention gagnerait en popularité et en accessibilité s’il était géré par la Ville plutôt que par les écoquartiers. « Il y aurait moins de disparités sur le plan des remboursements, commence-t-elle. Il y aurait une communication qui serait plus forte, il y aurait un alignement dans la manière de procéder, des formulaires, etc. Cela pourrait aussi se faire de manière hybride – en ligne, mais aussi en personne, à un point de rencontre pour faciliter les choses.

Contactée à ce sujet, la Ville de Montréal n’avait pas répondu à nos questions au moment d’écrire ces lignes. 

Malgré tout, Élise reste optimiste : « Ça avance lentement, mais sûrement. J’ai bon espoir qu’avec le temps, ça se généralise et devienne plus fluide. En 2020, quand on a commencé ces campagnes, personne n’en parlait. En 2025, il faut reconnaître que le chemin parcouru est impressionnant. »

Une question de sensibilisation et d’équité

Pour Élise, les défis liés au coût, à l’accessibilité et même aux subventions révèlent une problématique plus large : celle de la sensibilisation de tous. « L’éducation est au cœur de tout cela, insiste-t-elle. Si, dès le plus jeune âge, on sensibilisait les jeunes aux menstruations, à leur gestion et aux alternatives disponibles, on réduirait bien des inégalités. »

Elle plaide pour une approche proactive qui inclurait la distribution de produits menstruels dans les écoles et un accès élargi à l’information. « Ça commence par l’élimination des tabous et l’intégration de cette éducation dans les institutions. »

*Le véritable prénom d’Amina a été modifié à sa demande. 

Pour aller plus loin 

Le budget par arrondissement de la subvention pour l'utilisation de produits menstruels durables

Note : Les arrondissements d’Anjou et de Rosemont–La Petite-Patrie, notamment, n’offrent pas ces aides.
L’actualité à travers le dialogue.
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