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Haroun Bouazzi : la création de l’Autre derrière la polémique
Ilustration: Loubna Chlaikhy
27/11/2024

Haroun Bouazzi : la création de l’Autre derrière la polémique

temps de lecture:
5 Minutes
Initiative de journalisme local
ILLUSTRATEUR:
COURRIEL
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Note de transparence

Les dernières semaines ont été mouvementées à l’Assemblée nationale. Qui est raciste ? Qui ne l’est pas ? Qui se sent insulté ? Qui doit s’excuser ? Autant de débats qui ont fait couler beaucoup d’encre dans les journaux et alimenté les émissions télévisées et radiophoniques. Au centre de cette tempête, le député Haroun Bouazzi est accusé d’avoir insinué que ses homologues sont racistes. Décryptage.

« J’espère que vous venez avec l’intention de vous excuser. »

« C’est vous qui êtes dans l’eau chaude. »

« Je ne pense pas que vous soyez très à l’aise avec ce que vous avez dit. »

« Tout le monde est contre vous. »

« Ces gens-là se sentent visés et insultés par vous. »

Ces citations sont extraites de l’émission Tout un matin diffusée le 15 novembre dernier sur les ondes de Radio-Canada. Le journaliste Patrick Masbourian reçoit alors Haroun Bouazzi, député solidaire de Maurice-Richard, après que ce dernier eut tenu certains propos lors d’un gala et déclenché une polémique médiatico-politique de grande ampleur. 

Au fil des jours, les chroniques négatives se multiplient dans les journaux. Certaines le qualifient d’homme « ingrat » ou encore de « brûleur de ponts ». Désavoué par son propre parti, Québec solidaire, il ne reçoit que de rares messages de soutien officiels. Sans oublier les réseaux sociaux, sur lesquels une vague de harcèlement déferle : « Il doit démissionner », « Ce type nous insulte », « Un islamiste à l’œuvre », « C’est une merde »… 

Pris dans la tempête, Haroun Bouazzi a annoncé mercredi dernier qu’il serait absent du Salon bleu pendant quelques jours. Au moment d’écrire ces lignes, le député de Maurice-Richard n’avait pas répondu à notre demande d’entrevue. 

Afin de comprendre ce qui a déclenché une telle mise au pilori, La Converse a interrogé des sociologues pour décrypter la phrase qui a tout fait basculer, et plus particulièrement le concept de « création de l’Autre ». Pour cela, il nous faut d’abord revenir quelques semaines en arrière. 

Un gala pour célébrer l’excellence dans la communauté maghrébine

Au cours de la soirée du samedi 2 novembre, un parterre d’invités assiste au traditionnel Gala d’Excellence de la Fondation Club Avenir. Depuis 22 ans, celle-ci s’attache à célébrer les membres de la communauté maghrébine québécoise. « Chaque année, on organise cet événement dans une ambiance festive et on invite des gens d’affaires, des artistes, des représentants diplomatiques, des parlementaires – aussi bien au niveau fédéral qu’au niveau provincial, explique Bachir Halimi, l’un des fondateurs de l’organisme. Cela permet essentiellement de présenter les réalisations positives de notre communauté, qui a choisi le Québec comme société d’accueil. »

Après avoir admiré une exposition artistique, tout en profitant d’un cocktail, les invités assistent à la remise des prix dans l’Amphithéâtre Banque Nationale de HEC Montréal. Dans la salle, les visages sont souriants, et les interventions qui ponctuent la cérémonie sont chaleureusement applaudies. Sportif de haut niveau, artiste, entrepreneur, avocat ou étudiant, les 10 lauréats de l’année se succèdent. Déjà invité à remettre un prix l’année dernière, le député Haroun Bouazzi remonte sur la scène lors de cette 22e édition du gala.

« C’est d’autant plus important aujourd’hui – et Dieu sait que je vois ça à l’Assemblée nationale tous les jours – la construction de cet Autre qui est Maghrébin, musulman, qui est Noir, qui est Autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure. » – Haroun Bouazzi, député solidaire de Maurice-Richard

Costume bleu nuit, cravate rouge carmin et baskets aux pieds, le député de Québec solidaire est à l’aise. M. Bouazzi consacre sa prise de parole à « l’une des raisons » pour lesquelles il s’est lancé en politique : la question du racisme. 

« Il n’y a pas de races humaines, évidemment ; il y a des races qui sont construites par la société qui crée une catégorie à laquelle on assigne une culture qui, par définition, est dangereuse, qui est inférieure. Et au bout de 22 ans, ce que vous faites est très important pour casser la construction de ces mécanismes du racisme », déclare l’élu sans savoir que sa prochaine phrase va déclencher une énorme polémique médiatico-politique. « C’est d’autant plus important aujourd’hui – et Dieu sait que je vois ça à l’Assemblée nationale tous les jours – la construction de cet Autre qui est Maghrébin, musulman, qui est Noir, qui est Autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure. » 

Au total, ce discours aura duré moins de cinq minutes. Applaudi par le public, il regagne sa place, et la soirée se poursuit. « Je ne peux pas parler au nom de tous ceux qui étaient présents, mais il me semble que, sur le moment, ce que les gens ont compris, c’est qu’il a dit qu’il y a du racisme à l’Assemblée nationale. Et ce n’est pas nouveau, c’est-à-dire que tout le monde sait que le racisme existe partout. Je ne pense pas que quelqu’un puisse me dire qu’il n’y en a pas, mais le racisme s’exprime à différents degrés, et cela ne veut pas dire que les députés sont racistes », témoigne Bachir Halimi, le cofondateur de la Fondation Club Avenir, qui a organisé le gala. 

M. Halimi souligne que des représentants de plusieurs mouvements partisans sont invités chaque année, et il précise qu’avant leur montée sur scène, une note est distribuée aux personnalités. « On leur demande d’éviter la politique, car nous sommes un organisme apolitique. Après, dès qu’on parle d’intégration ou de réussite sociale dans une société d’accueil, c’est forcément politique. M. Bouazzi a choisi de parler de quelque chose qui lui tient à cœur, je pense », réfléchit M. Halimi qui aurait préféré que les médias parlent de la Fondation Club Avenir pour ses actions.

La soirée se poursuit donc dans les rires, avec la prestation de l’humoriste Oussama Fares, et finalement en musique avec DJ Zales. Ce n’est que bien plus tard que la petite mélodie du scandale se fait entendre.

Chroniques, motions, excuses – une semaine agitée

Comble de l’ironie, c’est Haroun Bouazzi lui-même qui a mis en ligne la vidéo de son discours, le 5 novembre dernier sur Facebook et YouTube. Si elle attire assez peu l’attention, cumulant quelques centaines de vues seulement, elle suscite néanmoins un regain d’intérêt lorsque des journalistes en font état. Rapidement, on ne parle plus que de « l’affaire Bouazzi ».

Chroniqueurs et politiciens accusent le député d’avoir qualifié l’Assemblée nationale – et ses membres, par extension – de racistes. Sans surprise, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon fustige le « wokisme » d’Haroun Bouazzi, dont il assimile les propos à des « intimidations ».

Du côté des libéraux, la députée Marwah Rizqy assure que personne ne lui a jamais fait sentir qu’elle était « dangereuse ou inférieure » à l’Assemblée nationale, rappelant qu’elle est d’origine marocaine. Au même moment, Gabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal, les deux porte-parole de son propre parti, Québec solidaire, rappellent à l’ordre le député de Maurice-Richard.

« Je n’ai jamais dit que l’Assemblée nationale était raciste. » – Haroun Bouazzi, député de Maurice-Richard

Le vendredi 15 novembre, M. Bouazzi est interviewé par Patrick Masbourian lors de la matinale de Radio-Canada. Appelé par le journaliste à présenter des excuses, il réitère sa position. « Je n’ai jamais dit que l’Assemblée nationale était raciste », assure le député, qui estime que ses propos ont été « déformés » et « interprétés » de la mauvaise façon. « En tant que Québécois, j’ai la responsabilité de témoigner et de me battre pour les principes qui sont les miens, par amour du Québec et par amour de mon peuple. Ça prend du courage et c’est vrai qu’il y a un vent de face », ajoute-t-il.

Une entrevue qui demeure à ce jour son unique intervention dans les médias sur le sujet. Au cours de cet entretien, il tente de préciser sa pensée, plus particulièrement le concept de « création de l’Autre », qui est au cœur de la phrase qu’on lui reproche d’avoir prononcée. 

Après plusieurs jours de bras de fer au sein de Québec solidaire, le parti adopte une motion dénonçant « l’instrumentalisation injustifiée dont sont régulièrement victimes les personnes immigrantes », tout en affirmant « clairement et sans ambiguïté que Québec solidaire ne soutient pas et n’a jamais soutenu que l’Assemblée nationale et ses membres sont racistes ». Une résolution que Haroun Bouazzi a lui-même appuyée le 17 novembre.

Deux jours plus tard, c’est sur le réseau social X que le député décide de s’expliquer publiquement en jouant les équilibristes. S’il ne présente pas les excuses formelles réclamées par certains, Haroun Bouazzi clarifie sa position : « En cette journée qui s’annonce difficile pour l’aile parlementaire de Québec solidaire, je souhaite prendre le temps de dire certaines choses importantes. Tout d’abord, je réaffirme mon engagement à travailler aux côtés de mes collègues du caucus solidaire, au service de notre mouvement et des causes qu’il défend pour améliorer la vie des gens. En ce sens, je me joins à elles et eux pour dire que je ne considère pas que l’Assemblée nationale et ses membres sont racistes et qu’il ne s’agit pas de la position du parti. » 

Mercredi dernier, celui qui n’en est pas à sa première polémique décide de prendre « quelques jours » de repos auprès de sa famille. Le chroniqueur et ancien co-porte-parole de Québec solidaire Amir Khadir est l’une des rares personnalités politiques à prendre sa défense. Il dénonce un « lynchage public » et une « exécution politique orchestrée ».

La création de l’Autre : un phénomène ancré dans l’histoire 

« Ce qu’il se passe, avec l’affaire Bouazzi, c’est une réaction médiatique extrême autour d’un discours qui, finalement, est tout à fait banal », commente Catherine Larochelle, professeure d’histoire spécialisée dans les questions d’altérité et de postcolonialisme. Selon elle, cette affaire a braqué les projecteurs sur quelque chose qui n’a pourtant rien de nouveau, puisque la création de l’Autre est un phénomène ancré dans l’histoire et étudié depuis les années 1960. 

« L’altérisation s’appuie sur des représentations culturelles qui existent depuis des siècles, assure-t-elle. Pourtant, il n’y a pas forcément d’intentionnalité [de créer l’Autre]. C’est à la fois le manque de connaissances et l’héritage culturel de biais inconscients qui conduisent certains à faire des déclarations ou à voter des lois qui participent à cette création de l’Autre. » 

Il s’agirait d’un processus insidieux de stigmatisation de l’Autre, c’est-à-dire de celui qui est différent. « Et comme l’immigration est souvent associée à des populations racisées, ça crée une équation selon laquelle il y a les Québécois à majorité blanche, puis les autres. » 

Au-delà de l’indignation que suscite l’affaire Bouazzi, ce débat refléterait des dynamiques et des phénomènes sociaux plus profonds, dont le déni du racisme, selon l’experte. « Il n’a jamais été question du fond de la pensée d’Haroun Bouazzi dans le débat. On n’a pas voulu discuter de la construction de l’Autre. » Une réaction de la sphère politique qui n’étonne pas Catherine Larochelle. 

D’après ses observations, les personnes racisées sont souvent perçues comme étant moins autorisées à se prononcer sur le racisme au Québec. « Je le vois bien lorsque je fais des conférences sur le sujet : je reçois un accueil favorable, contrairement à une personne racisée qui prononcerait des propos identiques », laisse-t-elle tomber. 

Ignorance et fragilité blanche : des moteurs structurels pour étouffer le débat

Selon Leila Benhadjoudja, professeure de sociologie à l’Université d’Ottawa, « [nier] cette “construction de l’Autre”, comme le mentionnait M. Bouazzi, c’est vouloir réduire au silence les dénonciations et maintenir un rapport de pouvoir ». Cette stratégie de répression, connue sous le nom de silencing – ou réduction au silence –, vise à empêcher les voix critiques, notamment celles des communautés racisées, de s’exprimer pleinement dans l’espace public ou institutionnel.

« Ce qu’on observe souvent, c’est une inversion des rôles : ceux qui dénoncent le racisme se retrouvent marginalisés, parfois même perçus comme des agresseurs. » – Leila Benhadjoudja, professeure de sociologie à l’Université d’Ottawa

Selon elle, cette dynamique se manifeste tout particulièrement dans les institutions de pouvoir comme l’Assemblée nationale. « Ce qu’on observe souvent, c’est une inversion des rôles : ceux qui dénoncent le racisme se retrouvent marginalisés, parfois même perçus comme des agresseurs. Dans “l’affaire Bouazzi”, dit-elle en faisant des guillemets dans l’air avec ses doigts, cela s’est traduit par une tentative de présenter la majorité blanche comme victime, simplement parce que le racisme a été évoqué. »

Mme Benhadjoudja associe cette création de l’Autre à deux concepts clés : l’ignorance blanche, théorisée par Charles Mills, et la fragilité blanche, formulée par Robin DiAngelo. « L’ignorance blanche, explique-t-elle, est une production active de déni. » « Ce n’est pas qu’on ne sait pas, mais plutôt qu’on choisit d’ignorer, insiste-t-elle. Ce déni permet notamment de maintenir une façade d’innocence, tout en perpétuant la domination. »

La fragilité blanche, elle, désigne les réactions défensives des individus blancs face aux discussions sur le racisme ou leurs privilèges. « Lorsqu’on parle de racisme, la majorité blanche s’indigne, se dit blessée. Cette dynamique impose ensuite aux communautés racisées de s’excuser d’avoir dénoncé le racisme. C’est encore une stratégie qui vise à maintenir le silence, à étouffer les voix critiques », analyse-t-elle.

Le mythe d’une société post-raciale

Pour Mme Benhadjoudja, ce silencing s’inscrit dans un mythe plus large : celui d’une société post-raciale. Cette idée, selon laquelle les sociétés occidentales auraient surmonté les inégalités raciales, sert à détourner l’attention des structures systémiques qui perpétuent ces inégalités. « On veut croire que nous avons atteint une égalité parfaite : une justice sociale, raciale et de genre. Pourtant, il suffit d’écouter les communautés racialisées ou de consulter les données sociales et scientifiques pour constater que le racisme persiste », affirme-t-elle.

Ce mythe, loin d’être anodin, joue un rôle actif dans le maintien des rapports de pouvoir. Cette logique, ancrée dans un cadre néolibéral, place la responsabilité sur les individus et empêche ainsi une remise en question des institutions. « En réduisant le racisme à des comportements individuels, on dépolitise la question et on détourne l’attention des structures systémiques responsables des inégalités raciales », précise-t-elle.

Mme Benhadjoudja souligne que, si le racisme biologique a perdu en légitimité, il a évolué pour prendre une forme culturelle. « Aujourd’hui, on parle des défis d’intégration ou des différences culturelles, mais le fond reste le même : présenter l’Autre comme un problème. » Citant le sociologue afro-américain W. E. B. Du Bois, elle interroge : « Qu’est-ce que cela fait d’être perçu comme un problème ? Qui est désigné comme un problème dans les discours politiques ou médiatiques ? Quelles communautés sont considérées comme des menaces ? Qui détient le pouvoir de définir l’Autre, de construire cette altérité ? Qui occupe les instances de décision ? » énumère-t-elle.

Cette inversion des responsabilités serait particulièrement problématique. « Ce qui devient une source d'indignation, ce n’est pas que le racisme existe, mais qu’on ose en parler ! s’exclame-t-elle. Refuser de voir le caractère raciste de ces discours, c’est le comble ! » 

À Montréal, la jeunesse racisée témoigne d’un sentiment de « stigmatisation » dans le débat public.

« Les jeunes ont l’impression que leur culture est diabolisée »

Pétillante et directe, Marie-Christine Jeanty recourt à la dérision pour aborder les sujets complexes. Employée à la Ville de Montréal, elle préfère toutefois se présenter comme l’ancienne vice-présidente du Conseil interculturel de Montréal, un rôle qui reflète mieux son parcours dans la lutte contre les inégalités. Un engagement transmis par ses parents haïtiens, eux-mêmes très actifs dans la lutte contre le racisme et d’autres causes sociales. Sa mère, Maryse Alcindor, est la première femme noire à être devenue, en 2005, sous-ministre à l’Immigration et aux Communautés culturelles. Son père, décédé il y a quatre ans, a pour sa part été président du conseil d’administration de la Maison d’Haïti, à Montréal. 

Pour Mme Jeanty, qui vit dans la circonscription du député Bouazzi, celui-ci n’a rien à se reprocher. « Ce qu’il a dit, ce sont des choses que j’entends et que je constate. Les jeunes immigrants, par exemple, pensent souvent qu’ils n’ont pas leur place ici », estime-t-elle, même si elle n’est pas surprise par les proportions prises par la polémique. 

Selon elle, la quête identitaire des jeunes qu’elle côtoie est attribuable aux discours négatifs envers les communautés immigrantes, racisées et marginalisées. Cette « construction de l’Autre » aurait donc des répercussions sur ceux qui en sont l’objet. « Les jeunes me disent souvent qu’ils ont l’impression que leur culture est diabolisée. Ils ne peuvent pas être pleinement eux-mêmes dans cette société. Alors, ils se demandent : “Quelle est notre place ?” Ils ont l’impression de ne jamais en faire assez pour montrer qu’ils sont de “bons immigrants” », rapporte-t-elle. « “On nous fait toujours sentir qu’on est l’Autre, tout le temps” », confient-ils à Marie-Christine Jeanty.

C’est en effet le sentiment qu’Aya, une  jeune étudiante en relations internationales, dit avoir ressenti face à la polémique entourant Haroun Bouazzi. « Des histoires comme celle de M. Bouazzi démontrent qu’on n’a pas réellement de liberté d’expression, et cela nous décourage énormément au niveau politique. Peu importe ce que l’on dit, peu importe ce que l’on pense, même si on essaie de le dire correctement et de manière bienveillante, cela va être mal interprété. Je trouve ça désolant et décourageant pour les jeunes », regrette-t-elle.

La jeune femme y voit « un double standard » ainsi qu’une indignation qui serait à géométrie variable. « M. Legault, notre premier ministre, a parfois des paroles très dénigrantes pour les immigrants. Par exemple, quand il a dit que 100 % de la crise du logement est due aux immigrants, je n’ai pas compris pourquoi ça ne suscitait pas plus de réactions », souligne Aya.

Imen, 22 ans et membre du forum jeunesse de Saint-Michel, partage également un regard sceptique sur le monde politique. Toutefois, elle préfère garder espoir : « Honnêtement, qu’il y ait des gens comme lui en politique, ça me redonne confiance. Malgré tout ce qu’il a enduré, je me concentre sur le fait qu’il y a des gens comme lui pour faire avancer les choses et pour servir les citoyens. »

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