Alors que s'ouvre aujourd'hui le sommet de la francophonie à Paris, La Converse s’est penchée sur l’usage du français au Maroc, surtout dans les grandes villes. Casablanca n’échappe pas à un phénomène linguistique récent : longtemps prédominante au Maroc, la langue française perd de son éclat au profit de l'anglais, adopté par une génération fière de sa culture, ouverte sur le monde et qui veut s'affranchir des liens post-coloniaux.
Casablanca, fin septembre. Dans un centre culturel, des jeunes assistent à la projection de courts métrages québécois sous-titrés en anglais, avant d’engager une discussion...en anglais. Une scène qui aurait paru invraisemblable il y a moins de dix ans, dans une ville où le français a longtemps été la langue privilégiée d’un certain milieu culturel.
Comprendre l’évolution des langues étrangères au Maroc ne peut se faire sans contextualiser le paysage linguistique du pays. La darija, l’arabe marocain, est utilisée dans la vie quotidienne, avec des emprunts à plusieurs langues, y compris au Tamazight, langue autochtone du Maroc. Elle est distincte de l'arabe littéraire, qui est la langue écrite et officielle, notamment utilisée dans les discours, la presse et l'éducation, et commune à tous les pays arabophones.
Un perpétuel débat existe dans la société marocaine : certains plaident pour la reconnaissance de la darija comme une langue à part entière, en raison de ses différences marquées avec l'arabe classique, tandis que d'autres craignent que cela n'affaiblisse l'usage de l'arabe littéraire, langue de l'éducation, de la religion musulmane, et des textes officiels.
Quant au français, près de 70 ans après l’indépendance du Maroc, il reste très présent dans plusieurs sphères sociales, bien qu’il n’ait jamais eu le statut de langue officielle. Il est une des langues de l’administration publique, de l’enseignement, et des médias, entre autres. Mais, depuis une dizaine d'années, on voit et on entend beaucoup plus la langue anglaise au Maroc, sur les réseaux sociaux, dans les librairies, ou aux terrasses de cafés.
Un ancrage dans leur marocanité
Cette forte émergence de l’anglais s’accompagne, en parallèle, d’une forme de distanciation avec la langue française, intimement liée à une soif de raviver et de revendiquer avec fierté sa culture marocaine. Pour Ibtissam Ghazoui, gestionnaire culturelle du centre artistique américain à Casablanca, il ne s’agit pas de remplacer une langue étrangère par une autre, mais de se détacher d’une culture et d’une langue qui « nous a été imposée, alors que l’anglais est une langue que nous avons choisie. »
« Valoriser et célébrer notre culture marocaine nous a permis de réaliser ce que la colonisation nous a causé », ajoute-t-elle. « Avant, le fait de parler français était un symbole de statut social et intellectuel. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. »
Dans un pays où l'offre culturelle locale est mince, la diplomatie culturelle étrangère comble le vide. Le centre artistique américain, ouvert depuis moins de deux ans, s’impose rapidement comme l’espace culturel phare de la ville.
Contrairement aux instituts culturels français, ici, on parle la darija. Des ateliers de danse, d’écriture sont proposés en darija et en anglais. La plupart des participants sont des adolescents qui viennent en skateboard des quartiers populaires de Casablanca, tels que Hay Mohammadi, Sidi Moumen, ou Ain Sebaa.
Diplômée en politique et gestion culturelles, Ibtissam note que plusieurs artistes veulent développer la culture marocaine, plutôt que de tenter leur chance à l’étranger, à l’instar d’une génération d’auteurs et de musiciens maghrébins francophones qui aspirait à un succès en France. « Récemment, il y a eu une prise de conscience très intéressante de notre propre identité », explique-t-elle.
Apprendre le français reste encore « un privilège, au Maroc »
C’est notamment le cas pour Khtek. À 29 ans, la rappeuse affiche une assurance naturelle, sans basculer dans l'arrogance. Comme beaucoup de marocains de sa génération, ses phrases mélangent jusqu’à trois langues à la fois. Elle nous donne rendez-vous dans un café du vieux Maarif, un quartier du centre de Casablanca. Houda, de son vrai nom, a choisi son nom de scène, qui signifie « Ta sœur », pour se réapproprier cette expression trop souvent péjorative dans le monde macho du rap.
La jeune femme a grandi dans une famille de classe moyenne qui l’encourage à lire et à écrire en français. « À la maison, c’était une langue importante à apprendre », raconte-t-elle. À l’adolescence, cette passionnée de littérature francophone dévore les livres, de Milan Kundera à Amin Maalouf. Puis elle commence à s’intéresser à la musique et au cinéma américains. « J’ai commencé à adorer l’anglais. J’écrivais des lettres à Kurt Cobain dans mon journal intime. J’apprenais des chansons par cœur. J'imprimais les paroles des chansons et je cherchais à comprendre leur signification. C’est comme ça que mon niveau s’est amélioré. »
Plus tard, la langue nourrit sa passion. « C’est grâce à l’anglais que je rappe aujourd’hui, explique-t-elle. C’est en découvrant le hip-hop américain et en étant capable de comprendre cette culture que je rappe aujourd’hui. La première chanson qui m’a inspirée est « Suicidal Thoughts » de Notorious Big. Si je ne parlais pas anglais, cette chanson ne m’aurait sûrement jamais captivée et touchée autant. »
Aujourd’hui, elle est consciente du privilège d’avoir appris le français en dehors de l’école publique, à la maison ou grâce à des cours privés. « Au Maroc, apprendre le français est un privilège vu que le niveau de français est bas à l’école publique. »
Pour beaucoup de Marocains natifs numériques, l’anglais est une langue plus facile à maîtriser, en comparaison au français ou à l’arabe littéraire. Elle permet aussi une plus grande ouverture sur le monde, et internet et les réseaux sociaux ont accéléré cet engouement.
Entissar, Maroco-irakienne de 36 ans, est calme, rayonnante et dégage une sérénité naturelle. Elle se souvient s’être rapprochée de l’anglais bien avant l’arrivée d’internet au Maroc. À 10 ans, elle tombe par hasard sur un vieux livre d’anglais chez sa tante et apprend quelques mots. « À cette époque on n’avait ni internet ni téléphone cellulaire. Il n’y avait rien à faire, donc on s’occupait comme on pouvait. »
À l’adolescence, sa famille vit à Bagdad pendant deux ans. C’est là qu’elle suit ses premiers cours d’anglais à l’école. « Les premières choses que j’ai appréciées dans la langue anglaise, c’est que les noms communs n’ont pas de genre. Il n’y a pas de masculin ou féminin. C’était une révélation pour moi. »
Mais si l’envie d’utiliser davantage l’anglais au Maroc se fait de plus en plus sentir, surtout chez les jeunes, cela ne se traduit pas forcément sur le terrain, notamment dans le monde de l’éducation. Le Maroc héberge tout de même – après le Liban – le deuxième plus grand réseau de l’Agence pour l’Enseignement du Français à l’Etranger (AEFE). Ces écoles, implantées à l’international, offrent un enseignement conforme au système éducatif français. À Montréal par exemple, le Collège international Marie-de-France et le Collège Stanislas relèvent de l’AEFE.
Au Maroc, la majorité des élèves scolarisés dans ces écoles sont de nationalité marocaine ou bi-nationaux. Parmi eux, Driss a fait toute sa scolarité dans une école française à Marrakech. Il fait partie de ces jeunes marocains nés de parents marocains et vivant au Maroc qui ne parlent, à l’école et à la maison, qu’en français.
Le jeune homme au français impeccable vient tout juste de fêter ses 18 ans. Posé, il dégage une sérénité et une maturité rares pour son âge. Cet automne, il entame un cursus entièrement en anglais à l’université Al Akhawayn, à Ifrane. « Je n’ai pas eu énormément de difficultés à devoir changer de langue parce que mon anglais n’est pas mauvais ». Ce n’est pas tant en classe que Driss a des difficultés pour communiquer, mais plutôt avec le reste de ses camarades qui, pour la plupart, parlent darija. « Là, j’ai plus de mal parce que mon arabe n'est pas très bon », explique-t-il.
Le français : « butin de guerre*» ou mal nécessaire ?
Dans les écoles privées marocaines, généralement, la moitié des cours sont donnés en arabe et l’autre moitié en français. Dans le système éducatif public marocain, le français est davantage enseigné que l’anglais. Mais le niveau reste assez bas. Rajae, 35 ans, enseigne le français à tous les âges. Les plus petits de ses élèves sont souvent des enfants qui étudient dans des écoles publiques et dont les parents veulent offrir un complément d’enseignement du français.
Pour ce qui est des adolescents, Rajae a l’habitude de les entendre dire qu’ils ne veulent pas apprendre la langue du colonisateur. « Quand je vois qu’ils ne sont pas intéressés et que je leur demande pourquoi ils ne veulent pas faire d’efforts pour apprendre alors qu’ils sont en classe de français, on me répond : de toute façon, je suis là juste parce que je suis obligé, mais ce que je veux c’est apprendre l’anglais. Je suis là juste pour pouvoir passer mes examens. »
Les adultes en revanche semblent beaucoup plus impliqués dans l’apprentissage, pour progresser professionnellement et gravir les échelons. « Il ne faut pas se leurrer, explique Rajae. On est au Maroc. C’est vrai que de plus en plus de monde parle anglais ici, mais on est encore très loin de devenir un pays où l’anglais est la première langue étrangère. En attendant, il faut pouvoir se garantir un avenir professionnel. »
Décoloniser les rapports sociaux
Début 2024, sur un plateau radio de l’émission française Planète Rap délocalisée à Casablanca, Khtek improvise un morceau. Elle adresse à la caméra qui filme la scène un doigt d’honneur en rappant : « F**k les colons, hna kandwiw b’darija » [F**k les colons, ici on parle darija, NDLR].
Bien qu’elle conserve une affinité pour la langue française, son intérêt pour la pensée décoloniale l’a amenée à remettre en cause son utilisation dans l’espace public. « Lorsqu’un Marocain ne fait pas l’effort de parler darija et veut imposer au reste des Marocains de parler le français dans leur propre pays, pour moi, c’est une approche colonialiste. On exclut socialement les personnes qui ont un accent prononcé en français ou qui ne maîtrisent pas cette langue. »
Une observation que confirme Entissar. « De par mon expérience, le français est synonyme de classicisme. Même au niveau des services [hôteliers, des magasins, etc], lorsque tu parles en darija, on ne te traite pas de la même manière que si tu parles en français. Je parle tout de même français, mais si on me donnait le choix, je préférerais parler une autre langue. »
Selon Khtek, le rejet de la langue française est « une rébellion inconsciente de la nouvelle génération ». Elle estime que l’existence d’une élite francophone au Maroc est « un dégat du colonialisme ». Au Maroc, il lui arrive de se faire corriger lorsqu’elle parle français. Dans une société où l'on peut être méprisé lorsqu’on ne maîtrise pas une langue étrangère qui, de plus, est mal enseignée dans les écoles publiques, Khtek se réjouit de voir des jeunes issus de quartiers populaires apprendre l’anglais grâce à la musique ou à Internet.
« Lorsqu’une personne plus âgée veut leur imposer de parler en français, répondre qu’il ou elle parle anglais et pas français, je trouve que c’est puissant. (...) C’est une contre-attaque, car c’est une violence d’obliger les gens à parler une langue qu’ils n’ont pas eu la chance d’apprendre et de les considérer comme moins que rien à cause de cela, » déclare Khtek.
Avancer l’argument de la colonisation pour défendre un choix linguistique peut paraître incohérent lorsque l’alternative est la langue des Britanniques et des Américains. Mais pour Khtek, « vu que l’anglais est accessible, je n’ai pas de problème avec cette langue. Tu peux l’apprendre tout seul, facilement, juste sur les réseaux sociaux et en regardant YouTube, et le fait de la connaître n’est pas classiste. Même si l’Angleterre a colonisé plusieurs pays dans le monde, nous avons un rapport différent à cette langue. »
Une langue plus accessible, précise-t-elle : « Il est accepté d’avoir un accent. Partout dans le monde, les gens parlent anglais avec différents accents. Et c’est plus facile à apprendre. »
L’Espagne a également colonisé le nord et le sud du Maroc, mais l’influence de la France sur la société marocaine est plus « toxique », selon la rappeuse. Une toxicité qui produit des rejets : « On peut le remarquer même dans le foot. Un marocain qui n’a aucune idée de ce qu’est la pensée décoloniale, qui n’a jamais lu Frantz Fanon, en regardant un match de foot d’Espagne contre la France, va encourager l’Espagne. On savoure littéralement la défaite de la France. »
Oussama, 31 ans, préfère avancer des arguments logiques plutôt qu’émotionnels. Pour cet enseignant de français, l’argument de la colonisation ne devrait pas interférer dans le choix de communiquer dans cette langue ou pas. « Oui, c’était la langue du colonisateur, mais si on doit faire des choix, on ne doit pas se baser sur des arguments de haine, même si ça fait partie de notre histoire et qu’on n’apprécie pas ce qui s’est passé. Il faut être raisonnable maintenant, et on est au 21e siècle. On n’oublie pas le passé, mais on agit logiquement en pensant aux choses raisonnablement. »
Parfois, un débat s’installe dans sa classe, avec ses élèves adultes : « beaucoup de personnes n’apprécient pas le français, et avancent cet argument-là. Moi, je serais par exemple pour davantage d’usage de l’anglais, parce que c’est une langue simple, plus ouverte et qui donne accès à beaucoup plus de pays, pour les études ou pour le travail. Il faut avancer des arguments logiques plutôt que de réfléchir à cette question émotionnellement. »
Khtek reste tout de même pragmatique : « dans le contexte professionnel, il m’arrive de parler français. C’est un choix conscient : vu que c’est impressionnant pour certaines personnes, je le fais. Si le fait de parler français t’impressionne et que tu doubles mon cachet, je le parlerai. »
Le monde en V.O.
Avant l’arrivée d’internet au Maroc, l’art et la culture étrangères que consommaient les Marocains venaient principalement d'Égypte ou de France. Quant aux films, à la littérature, à la musique anglophones, les Marocains les découvraient essentiellement à travers des canaux français, où les œuvres étaient doublées ou traduites. Ce qui faisait sensation en France trouvait également sa place au Maroc, mais souvent avec un décalage, limitant l’exposition des Marocains à la culture anglophone dans toute sa diversité.
L'accès direct aux cultures anglophones par le biais d’internet a changé les habitudes de consommation et a forcé plusieurs secteurs à adapter leur offre aux nouvelles attentes du public marocain. Les films américains dans les salles de cinéma étaient, jusqu’à très récemment, uniquement disponibles en français. Aujourd’hui, plusieurs séances en version originale sous-titrée en français sont disponibles quotidiennement.
Du côté des médias, certaines rédactions ont désormais des équipes anglophones. Les sites d’information Hespress et TelQuel ont des versions anglophones de leurs sites web. La chaîne publique Al Aoula serait d’ailleurs en train de développer une chaîne d’information anglophone.
Du côté de la lecture, le Carrefour des Livres a longtemps été la librairie francophone de référence à Casablanca. Aujourd’hui, près de la moitié de ses rayons contient des livres en anglais, allant des classiques aux romans les plus récents et aux ouvrages de développement personnel. Il y a dix ans, on ne trouvait aucun livre en anglais au Maroc, mais aujourd’hui, plusieurs librairies et distributeurs en importent.
Pour Yacine Retnani, propriétaire du Carrefour des Livres, l’élément déclencheur a d’abord été financier. Avec plus de concurrence – notamment des librairies numériques – et la crise du Covid, il a fallu s’adapter et trouver un moyen de survivre. « L'anglais et l'arabe nous ont sauvés parce que si on s'était accroché à nos clients francophones qui disparaissaient au fur et à mesure ou qui allaient ailleurs, on aurait fermé. »
Mariam Benabdellah, âgée de 27 ans, est ravie de voir une jeune clientèle au Carrefour des Livres. La libraire a toujours un grand sourire chaleureux. Elle est accueillante et laisse aux visiteurs le temps et l’espace de flâner dans la librairie. Les jeunes forment désormais près de 80% de ses clients. « Ils achètent plusieurs livres à la fois, ils sont prêts à dépenser jusqu’à 500 dirhams (environ 70 dollars) pour acheter des livres. » ***
La rentrée littéraire de la librairie est désormais remplacée par BookTok**. C’est d’ailleurs grâce au compte TikTok du magasin, récemment créé, que cette clientèle anglophone l’a découverte. « On n'a pas perdu des lecteurs francophones pour des anglophones, mais on a trouvé une nouvelle clientèle qui ne nous connaissait pas », explique Yacine Retnani. « Ça fait 40 ans qu’on est dans la même rue et on a maintenant des gens qui rentrent qui ne connaissaient pas l'existence de la librairie parce que c'était une librairie francophone étiquetée. »
S’ouvrir sur le monde
Pour Rajae, « parler plusieurs langues ouvre beaucoup de portes. Ça ouvre aussi l’esprit et ta manière de réfléchir. En apprenant une langue, tu découvres une autre culture ». Sa maîtrise du français lui a facilité l’obtention d’un emploi tandis que sa maîtrise de l’anglais lui a permis de faire des études à l’étranger.
Cette ouverture sur le monde, Yacine Retnani l’encourage. En plus d'être le propriétaire d’une librairie, il est aussi le directeur de la maison d’édition La Croisée des Chemins. « Il était totalement logique et cohérent pour moi de faire découvrir des auteurs marocains qui écrivent de très bons textes en anglais à des jeunes qui vont lire en anglais et suivre les tendances des réseaux sociaux. » Le premier roman en anglais publié par La Croisée des Chemins est The House on Butterfly Street, de Mhani Alaoui. Depuis, l’éditeur a reçu une quinzaine de manuscrits en anglais et prévoit de publier d’autres talents marocains anglophones.
De quoi, sans doute, réjouir Khtek. « La meilleure langue au monde pour moi, c’est la darija, même si beaucoup la considèrent comme un dialecte et pas comme une langue », conclut-t-elle. Ce qui est sûr, c’est que l’anglais prend plus de place au Maroc. Mais pour ce qui est du français, il semble y avoir autant d’avis que de Marocains. Entre-temps, la jeunesse perfectionne son habileté à jongler entre les langues, souvent inconsciemment, en fonction du contexte.
* La citation "Le français est notre butin de guerre" est de l'écrivain algérien Kateb Yacine. Il fait référence à la relation complexe qu'entretiennent les Algériens avec la langue française après la colonisation. Bien que le français soit la langue de l'ancien colonisateur, Kateb Yacine le considérait comme un héritage culturel que les Algériens pouvaient s'approprier et utiliser pour s’exprimer au sujet de leurs luttes et identités.
** Communauté sur TikTok dédiée aux recommandations et discussions de livres
*** Le prix moyen d’un roman est d’environ 17 dollars