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Meddex, le barbier des célébrités
Meddy Makanga, alias Meddexx, a pu coiffer de nombreuses célébrités, en plus de devenir une icône sur les réseaux sociaux. Photo : Félix Lacerte-Gauthier
13/12/2024

Meddex, le barbier des célébrités

temps de lecture:
5 Minutes
Initiative de journalisme local
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COURRIEL
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Tout semble réussir à Meddy Makanga, alias Meddexx. En tant que barbier, il a pu coiffer de nombreuses célébrités, en plus de devenir une icône sur les réseaux sociaux. Malgré ses succès, il n’oublie pas ses origines et profite de sa plateforme pour redonner au suivant. Portrait.

Installé dans son salon de coiffure près de sa chaise, Meddexx se laisse facilement distraire par l’agitation qui règne autour de lui en ce vendredi matin. Plusieurs jeunes professionnels et aspirants barbiers, qu’il a pris sous son aile, accueillent leurs premiers clients de la journée dans le local situé à Longueuil. Élancé, la voix enjouée et le ton blagueur, Meddy fait figure d’autorité pour ses protégés.

« Une phrase que j’aime bien, c’est qu’il faut donner avant de recevoir. Un de mes objectifs, c’est de pouvoir aider et d’utiliser mes ressources pour redonner », explique-t-il.

Il prend donc le temps de parler avec les jeunes et de donner des conseils, en plus d’organiser ponctuellement des activités dans des parcs, notamment des coupes gratuites.

Et lorsqu’un adolescent, lors d’un événement qu’il avait organisé dans un parc, s’est fait voler son vélo, M. Makanga a rapidement mobilisé ses réseaux sociaux afin de lui venir en aide. « Aider quelqu’un, c’est une habitude qu’on bâtit. Si, avec 10 $, tu n’es pas capable de le faire, ce n’est pas rendu avec un million que tu vas aider », philosophe-t-il.

Récemment, il a également visité une résidence pour personnes âgées afin d’offrir des coupes gratuites aux aînés. Une initiative qu’il compte répéter.

Raoul fait partie des jeunes qui profitent de ses enseignements. Il travaille au salon, tout en poursuivant des études de comptabilité au cégep Édouard-Montpetit.

« Il nous montre le chemin à suivre. Ce n’est pas juste pour la coiffure, mais aussi pour le service à la clientèle, l’entrepreneuriat et le développement personnel. Il est une inspiration », explique-t-il. Dans la salle, ses jeunes collègues approuvent.

« Si le jeune a du temps entre ses mains, il va essayer de combler ça avec d’autres activités. Avec de mauvaises fréquentations, il voudra faire des conneries. En le mettant ici, ça ne lui laisse pas le temps de faire autre chose, et ça permet aussi de le valoriser », explique Meddexx.

Sa popularité sur les réseaux sociaux lui assure une certaine influence auprès des jeunes. Plus de 150 000 personnes le suivent sur Instagram, et au-delà de 650 000 sur TikTok, où il s’est démarqué grâce à ses courtes vidéos dynamiques.

Dans celles-ci, il se met en scène alors qu’il coiffe des clients volontaires. Ces vidéos ont réussi à atteindre un large auditoire en raison de leur originalité et de leur dynamisme.

Grandir entre Brazzaville et Montréal

Après avoir grandi à Pointe-Noire et Brazzaville, Meddy Makanga quitte son Congo natal à 14 ans pour venir s’installer à Montréal, où ses parents vivent déjà depuis quatre ans. Son père, Médard Makanga, un ancien sprinteur qui a participé aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992, y a déménagé au terme de sa carrière professionnelle afin de pouvoir offrir davantage de possibilités à sa famille.

« Il a beaucoup voyagé dans le monde, mais arrivé au Canada, il a bien aimé le pays et il a décidé de s’y installer », résume Meddexx. L’adaptation, pour l’adolescent qu’il était alors, n’a cependant pas été facile. 

« En Afrique, on a une façon de vivre et d’agir qui est différente. Tu salues les inconnus là-bas. Les gens dans le quartier, c’est la famille. Au pays, tu peux tenir ton ami gars par la main, marcher ensemble, et il n’y a rien. Mais t’arrives ici, les gens vont réagir », donne-t-il comme exemple.

Le système d’éducation était également bien différent, ce qui lui a d’abord causé un certain sentiment d’insécurité. « Avec le temps, en m’accomplissant et en réalisant petit truc après petit truc, j’ai gagné en confiance. Mais ç’a été un début très difficile », révèle-t-il.

Devenir le barbier des célébrités

« Je crois que la coiffure a fait un peu de moi la personne que je suis en ce moment. J’étais quelqu’un de timide et de renfermé, mais en faisant de la coiffure, j’ai appris à m’exprimer. Le côté un peu drôle que j’ai, j’ai pu le développer dans un salon », confie M. Makanga.

Selon lui, c’est sa décision de commencer à publier des vidéos sur YouTube, puis sur Instagram, et d’y partager son travail, qui a changé la donne, lui permettant de recevoir de bons commentaires et de gagner en confiance.

« Au début, c’était très niché, mais avec le temps, j’ai fini par m’améliorer. C’est en créant qu’on devient créatif. En créant, c’est souvent accidentel. Il y a quelque chose qui arrive et qui donne un résultat inattendu », confie-t-il.

Un client travaillant dans l’événementiel l’a mis en contact avec le chanteur franco-congolais Gims. Depuis, il a également eu la chance de coiffer NLE Choppa, Dadju, Tayc, Josh Segarra et Georges Saint-Pierre, entre autres célébrités. 

« Je suis reconnaissant. Je n’ai pas la tête qui enfle. C’est vrai que ça peut toucher l’ego, mais j’essaie de garder les pieds sur terre. Au final, c’est bien, c’est bon pour le portfolio, mais ce n’est pas une star qui va faire changer la carrière. C’est plus l’accumulation du travail », estime-t-il.

« Les jeunes veulent souvent aller trop vite et coiffer rapidement les célébrités, en croyant que c’est ce qui va les rendre populaires. C’est l’erreur qu’ils font. Les vidéos où je coiffe des célébrités sont celles pour lesquelles j’obtiens le moins de vues », ajoute-t-il.

Son travail a également été remarqué au sud de la frontière, et Hollywood est venu cogner à sa porte à quelques reprises.

« Je l’avais dit ! Je voulais faire des acteurs. Après mon retour à Montréal, un coiffeur des États-Unis m’a écrit de nulle part pour me dire qu’un de ses clients allait venir tourner un film ici. Je ne sais pas par quelle magie ! Je ne le connaissais ni d’Ève ni d’Adam », révèle Meddexx, encore fébrile en racontant ce souvenir.

Son travail sur la série La République de Sarah lui a ouvert des portes dans le monde du cinéma, et d’autres projets ont suivi, notamment une participation au tournage du film Scream 6. Le tout a culminé l’an dernier lorsque son nom s’est retrouvé au générique du dernier film de la série TransformersLe Réveil des Bêtes –, au cours duquel il a coiffé Anthony Ramos, la vedette du film.

« C’est incroyable, s’exclame-t-il, les yeux pétillants. J’ai dit à mon père : “Regarde, ton nom est gravé à vie !” Et lui était là, genre : “Mais moi, j’étais un athlète professionnel. Pas besoin de ça !” » raconte-t-il dans un éclat de rire.

Meddy Makanga, alias Meddexx. Photo : Félix Lacerte-Gauthier

Un choix de carrière 

Malgré ses succès, il admet que c’est « par accident » qu’il est devenu barbier – même si la profession l’a toujours intrigué.

« Mon père me coiffait, mais il ne le faisait pas assez à mon goût. À un certain moment de ma vie, en 4e ou 5e secondaire, je voulais être propre. J’ai commencé à prendre la tondeuse et à me tracer moi-même. Mes amis l’ont remarqué, et j’ai commencé à les coiffer aussi », se remémore-t-il.

Toujours aux études, il s’est cherché un petit emploi. « Les parents africains ne savent pas c’est quoi, de l’argent de poche. Tu dois travailler pour ! » s’esclaffe-t-il. N’en trouvant pas, il a proposé ses services à la propriétaire d’un salon de coiffure près de chez lui, dans le quartier d’Hochelaga à Montréal, et elle a accepté.

C’est cependant à Québec qu’il a ouvert son premier salon, après y avoir déménagé pour se rapprocher de sa copine de l’époque et suivre un programme d’études collégiales en programmation informatique.

« À mes parents, je leur ai juste dit que j’allais continuer mes études là-bas. Il y a des moments dans la vie où c’est mieux de ne rien dire », raconte Meddexx dans un éclat de rire.

Il est finalement resté cinq ans dans la Capitale-Nationale, revenant dans la région métropolitaine au début de la pandémie, où sa carrière a définitivement pris son envol.

« Je trouvais que j’avais atteint un plateau à Québec et que je n’évoluais plus, confie-t-il. Je ne connaissais personne à mon arrivée, je n’étais pas encore bon dans les réseaux sociaux, mais avec de la créativité, j’ai pu trouver des moyens de me démarquer. »

Aujourd’hui, il est plutôt satisfait du chemin qu’il a parcouru depuis ses débuts, son parcours l’ayant mené vers des sommets qu’il n’avait jamais songé atteindre.

« Je suis reconnaissant, je ne tiens rien pour acquis », ajoute avec humilité M. Makanga. Pour l’avenir, il espère pouvoir continuer sur sa lancée et ouvrir d’autres salons, ainsi qu’une école de coiffure en ligne. Il souhaite aussi pouvoir continuer à redonner à la communauté.

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