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ENQUÊTE – Des journalistes dénoncent les pressions du groupe pro-israélien Honest Reporting Canada
Honest Reporting Canada (HRC) est un organisme de bienfaisance qui publie des « Action Alert » sur son site internet pour dénoncer ce qu’il considère comme des « Biais anti-Israël » dans les médias. Photo: illustration à partir de captures d’écran HRC.
22/10/2024

ENQUÊTE – Des journalistes dénoncent les pressions du groupe pro-israélien Honest Reporting Canada

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5 Minutes
Initiative de journalisme local
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COURRIEL
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Note de transparence

Plusieurs journalistes canadiens ont confié à La Converse les pressions qu’ils disent subir de l’organisme de bienfaisance pro-israélien Honest Reporting Canada. Ils dénoncent des campagnes de dénonciation en ligne dont ils seraient de plus en plus fréquemment victimes depuis le début d’un nouveau cycle de violence à Gaza. Enquête.

7 octobre 2023 – il y a plus d’un an, des attaques coordonnées par le Hamas faisaient 1 200 morts israéliens et 251 otages, dont 97 sont toujours détenus à ce jour. À la suite de cet assaut, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a confié à l’armée israélienne la mission « d’éliminer le Hamas ». Les opérations menées sur la bande de Gaza ont fait à ce jour plus de 42 000 morts palestiniens. Une situation si grave qu’une Commission d’enquête de l’ONU estime que le pouvoir israélien est responsable de « crimes de guerre et de crimes contre l’humanité », et le Hamas, de « crimes de guerre ».

Au Canada, à plus de 8 000 km de là, résonne l’écho de cette tragédie. Ici, certaines organisations pro-israéliennes se lancent dans une guerre d’un autre genre : celle de l’information. Parmi elles, Honest Reporting Canada (HRC), enregistré comme un organisme de bienfaisance depuis 2019, définit ainsi sa mission : « Israël est au cœur d’une bataille pour l’opinion publique, menée principalement par l’intermédiaire des médias. Pour s’assurer qu’Israël est représenté de manière juste et précise, Honest Reporting surveille les médias. » L’organisation cible des journalistes, des experts et des chroniqueurs, mais aussi des étudiants et des professeurs universitaires.

Son directeur général, Mike Fegelman, estime que la communauté juive « n’en faisait pas assez » pour dénoncer les biais anti-israéliens, et assure vouloir « créer une armée numérique pour Israël » dans une entrevue accordée à Thej.ca.

« Ils encouragent leurs milliers d’abonnés à nous écrire »

Nombreux sont les journalistes qui souhaitent raconter leur expérience avec Honest Reporting Canada, pourvu qu’on leur garantisse l’anonymat. Cela montre à quel point le sujet est sensible pour ces professionnels des médias, qui disent avoir peur des conséquences sur leur carrière, d’être stigmatisés, de subir du harcèlement ou d’être écartés de certains sujets à la suite de leur témoignage…

Après la parution d’un article sur une manifestation pro-palestinienne, Dan*, un journaliste d’un grand quotidien montréalais, a reçu plusieurs dizaines de courriels. Tous les jours, de nouveaux messages dénigrant son travail lui sont envoyés. « Le mode d’action d’Honest Reporting est de publier un article sur leur site en indiquant votre nom, votre média et ce qu’ils vous reprochent… Ils encouragent leurs milliers d’abonnés à nous écrire, et ils envoient aussi des courriels à votre direction en demandant de faire des changements dans l’article. C’est une approche que je n’apprécie pas du tout, d’autant plus que les demandes sont infondées. (...) Ça ne fait qu’ajouter au stress lorsque nous tentons de faire notre travail », témoigne Dan. Selon ce journaliste à la réputation bien établie, « leur but n’est pas réellement de faire faire des changements (dans les articles, NDLR), mais de discréditer le journal et le journaliste en partageant cela massivement sur les réseaux sociaux ». 

Une autre journaliste du même quotidien s’en agace : « Je suis très attentive aux critiques lorsqu’elles proviennent de sources réputées qui me signalent des erreurs évidentes dans ma copie, que je corrige le cas échéant – ce qui ne s’est pas produit sur le sujet pour lequel j'ai été visée – , mais j’ai tendance à ignorer les critiques qui proviennent d’un groupe aussi marginal défendant des opinions radicales. » Il devient toutefois laborieux d’ignorer cette pression qui touche de plus en plus de professionnels des médias du pays. 

À Ottawa, un journaliste ciblé par Honest Reporting qui ne veut pas prendre le « risque » de témoigner, se confie dans un courriel : « Je réponds toujours aux critiques constructives, ou au moins polies, que je reçois. Je me remets en question et si, au terme de l’échange avec la personne, mais aussi avec ma direction ou les collègues à qui je demande un avis extérieur, je pense que je dois apporter une modification à mon article, je le fais avec plaisir. C’est la même chose pour la plupart des journalistes », assure Sean*. « Cela ne peut fonctionner que si on s’adresse à nous ou à une instance légitime avant de lancer une vendetta diffamatoire qui peut avoir des effets sur notre réputation, même si les accusations sont fausses. Il me semble qu’avant d’accuser quelqu’un d’antisémitisme publiquement et en meute, c’est la moindre des choses », martèle-t-il.

Des journalistes victimes de campagnes de pression en ligne

Toronto Star, Globe and Mail, La Presse, Montreal Gazette, CBC, Le Devoir, Radio-Canada, Calgary Herald, CTV, City News, Edmonton Journal, National Post, The Guardian, Winnipeg Sun… Chaque jour, Honest Reporting publie de deux à huit « alertes d’action » sur son site Internet, visant l’un ou l’autre de ces acteurs de l’information. Presse écrite, radio, télévision, tout est passé au crible pour « s’assurer qu’Israël est représenté de manière juste et fiable », indique le site d’HRC. L’organisme précise vouloir « remettre en question la rhétorique antijuive, en particulier lorsque l’antisémitisme se cache derrière un masque de critique anti-Israël ».

Des journalistes sont également mentionnés sur le site d’HRC et identifiés avec leur photo, le logo de leur média et la mention « Action Alert » (alerte d’action). HRC, qui revendique plus de 60 000 membres, incite ces derniers à écrire aux auteurs visés ou à leur direction. Les journalistes que nous avons rencontrés assimilent cette méthode à de la « propagande », également diffusée sur les réseaux sociaux d’HCR.

Sur son site internet, HRC publie la photo de la journaliste Samira Mohyeddin sans son consentement, et identifie son média par le logo de CBC. Photo: capture écran HRC.



« Comme ils m’ont stigmatisée publiquement, ont donné mon courriel – et compte tenu de tous les messages que j’ai reçus –, je ne sais pas ce qu’ils pourraient faire encore, donc je préfère rester anonyme. Mais je suis contente qu’on en parle enfin ! J’ai entendu beaucoup de collègues s’en plaindre, mais personne n’ose vraiment prendre la parole pour s’opposer à ce qu’ils font », explique Helena*, reporter d’une chaîne télévisée au Québec.

Il y a quelques mois, Helena découvre qu’Honest Reporting Canada a publié un billet sur un reportage qu’elle a réalisé lors d’une manifestation pro-palestinienne. « Je savais que ça arriverait un jour… Avant, leurs actions étaient plutôt limitées, mais depuis le 7 octobre, on a tous vu une forte mobilisation de leur part. Vu que je couvre souvent ces enjeux, je ne pouvais pas y échapper », souffle la jeune femme. Chaque heure, elle reçoit de nouveaux courriels. « Certains reprennent simplement le modèle proposé par Honest Reporting, mais d’autres sont personnalisés avec des messages du style : “Honte à toi”, “Tu répands la propagande du Hamas”, “ Tu devrais être virée immédiatement”... » confie la journaliste.

« En voyant tout ça, je ne savais pas quoi faire ; je me suis demandé si j’avais mal fait quelque chose, si j’aurais dû faire autrement ; c’était déstabilisant pour moi. Finalement, mes collègues m’ont rassurée sur le fait que j’avais fait du bon travail et que je n’avais rien à me reprocher. Honest Reporting prend la plus petite chose, la tord et jette du feu dessus, c’est tellement ridicule... Parce que, maintenant, tout est antisémite pour eux. Tout, vraiment tout ! » s’exaspère Helena.

Pour vérifier son témoignage, La Converse a visionné le reportage en question et lu l’article publié par Honest Reporting Canada. Les préoccupations d’HRC se concentrent sur des éléments qui échappent au contrôle de la journaliste, comme une pancarte visible en arrière-plan sur laquelle est inscrit le mot « Intifada », ou encore sur les choix éditoriaux du média, notamment « l’intérêt médiatique » de couvrir une manifestation que l’organisme juge « haineuse ».

Cependant, est-ce le rôle d’une organisation de bienfaisance de suggérer aux médias quels événements couvrir ou non ? « Si quelqu'un dit qu’il n’y a pas d’intérêt public, il faut qu'il attache ta tuque pour le prouver ! Surtout que là, c’est un événement qui a lieu sur la place publique, donc ce serait très, très, très difficile, voire impossible, de prouver qu’il n’y a pas d’intérêt public », analyse Éric-Pierre Champagne, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).

Helena n’envisage pas de céder aux pressions. « Je pense que, si nous voulons faire notre travail correctement et regagner la confiance du public, nous devons nous en tenir à nos règles déontologiques, et les compromis ne sont pas possibles. Ils veulent faire taire les Palestiniens et ce n’est pas acceptable. Ce n’est pas acceptable pour les Palestiniens, ce n’est pas acceptable pour les Ukrainiens, tout comme ce n’est pas acceptable de s’en prendre à des Juifs pour quelque raison que ce soit. Ce n’est acceptable pour personne ! Ils essaient de créer de la peur et de mettre de l’avant leurs priorités. Et cela montre à quel point il est important que les journalistes continuent de faire ce qu’ils font », soutient-elle.

Elle assure pouvoir heureusement compter sur le soutien de sa direction, qui a décidé de ne pas donner suite aux accusations d’Honest Reporting Canada pour le moment. Celle-ci a demandé à la journaliste de lui transférer chacun des courriels qu’elle reçoit de cet organisme pour pouvoir réagir en cas de menaces.

Dans d’autres salles de presse, cependant, les choses ne se passent pas toujours aussi bien.

« Mon reportage a été supprimé du jour au lendemain »

« Quand ils ont lancé cette campagne contre moi, je n’avais jamais entendu parler d’eux. C’était à la fin 2021, et ma boîte de courriel était inondée de messages. J’ai dû chercher par moi-même pour me rendre compte qu’il s’agissait d’Honest Reporting. C’est finalement un collègue qui m’a envoyé leur article », se souvient Iman Kassam, une reporter vidéo qui a récemment quitté CTV News.

En plus de 14 ans de carrière, elle assure n’avoir jamais connu un tel acharnement. Elle se dit d’autant plus surprise que son reportage vidéo n’avait aucun lien avec Israël. « C’était un reportage sur les manifestations des Wet’suwet’en, qui ont eu lieu à la fin de l’année 2021. Cela n’avait rien à voir avec le Moyen-Orient, il s’agissait des peuples autochtones, des défenseurs des terres autochtones », précise Iman Kassam. Alors, comment une manifestation pour les droits des Premières Nations s’est-elle retrouvée dans le viseur d’HRC ? 

« En fait, une des personnes que j’ai interviewées portait un keffieh et un drapeau orange sur lequel on pouvait lire : “La vie des enfants compte.” C’était un symbole visuel de soutien et de respect pour les premiers habitants de ce pays, et c’est cela qu’ils me reprochent », assure la journaliste. Voici le contenu retranscrit de l’intervention de ce manifestant dans la vidéo : « Le minimum que nous puissions faire est de rester solidaires avec eux et de montrer aux gens que cette terre leur revient de droit et qu’elle leur reviendra toujours, quel que soit le nombre d’immigrants qui sont venus ici et quel que soit le nombre d’années qui se sont écoulées. »

Dans sa publication de 2021, Honest Reporting Canada qualifie la personne interviewée, un homme, de « manifestant pro-palestinien et anti-Israël » en se fondant uniquement sur son apparence. Mais l’intervention d’HRC a valu à Iman Kassam plusieurs semaines de ce qu’elle considère comme étant du « harcèlement en ligne ». Des courriels mentionnent par exemple qu’elle « doit être licenciée » ou encore que « les personnes comme (elle) ne devraient pas exister ». 

Honest Reporting Canada a publié, sur son site Internet, une capture d'écran du reportage vidéo dans lequel Iman Kassam apparaissait avant sa modification par CTV News. Photo: capture écran.

Iman Kassam indique qu’après avoir sollicité l’aide de ses supérieurs afin de connaître la procédure à suivre pour faire face à tous ces messages, elle aurait été confrontée à leur silence. « Je leur ai envoyé la campagne qui était lancée contre moi et je leur ai demandé d’envoyer à l’organisation une lettre de mise en demeure, car j’estime que cela n’est pas acceptable, d’autant plus que j’avais déjà été victime de cyberharcèlement auparavant de la part de jeunes d’extrême droite – sans aide de leur part non plus –, mais je n’ai jamais eu de réponse », déplore-t-elle. 

« Chaque fois qu’un courriel arrivait, je l’envoyais à mes responsables. À plusieurs reprises, j’ai demandé quatre choses à mes chefs de CTV News : envoyer à Honest Reporting une lettre de mise en demeure, avoir un dialogue ouvert pour savoir s’il existait des règles interdisant de montrer un keffieh ou un drapeau palestinien à la télévision, savoir s’ils soutenaient mon reportage et, quatrièmement, savoir s’il était possible de demander à la direction d’avoir une conversation sur ce qui se passait. Là encore, je n’ai jamais eu de réponse. »

La journaliste affirme qu’elle a dû gérer la situation seule. « C’est effrayant de sentir qu’on va devoir traverser cela seule, sous prétexte que ça fait partie du métier. Non, ça ne fait pas partie du métier ! Je suis journaliste depuis 14 ans et je n’ai connu ce harcèlement massif qu’à CTV News. C’est un risque du métier, mais l’entreprise doit prendre ses responsabilités et protéger ses employés. Là, la seule chose qu’on ait fini par me dire, c’est que je pouvais déposer une plainte, par moi-même bien sûr ! » 

L’histoire ne s’arrête pas là, puisque plusieurs mois après la diffusion de son reportage vidéo, Iman Kassam découvre que celui-ci a disparu du site Internet de la chaîne télévisée. « Il a été supprimé du jour au lendemain, vous ne pouvez plus le trouver en ligne. La vidéo a donc été retirée, les citations ont été retirées », laisse-t-elle tomber avec amertume. « Je n’en ai jamais été informée, on ne m’a jamais demandé si c’était acceptable, on ne m’a jamais demandé si c’était ce que je voulais ou ce dont j’avais besoin, et on ne m’a jamais donné la possibilité de le réécrire, même si je ne vois pas pourquoi j’aurais dû le faire. C’est une histoire incroyable… Tout a été fait en secret. »

Des recherches effectuées à l’aide de l’outil Wayback Machine, sorte de bibliothèque d’archives des pages Web, ont permis à La Converse de constater que des changements importants avaient bien été réalisés sur le site de CTV News. La signature de la journaliste, qui a réalisé le reportage avec un confrère, a été retirée, et tous les passages de la vidéo qui la montraient ou montraient le manifestant au keffieh ont également été supprimés. S’il est difficile de dater précisément ces changements, on peut toutefois établir qu’ils ont eu lieu entre le 28 novembre 2021, date de la première publication du reportage en ligne, et le 18 janvier 2022, date de la première archive de la page Web sur laquelle ils apparaissent. Soit quelques jours seulement après qu’HRC ait lancé sa campagne d’envoi de courriels visant la journaliste.

Un coup dur pour celle qui travaillait toujours au sein de la rédaction montréalaise lorsqu’elle s’en est aperçue. « Ce faisant, CTV a non seulement enfreint sa propre politique de correction et de rétractation, mais a également réduit au silence la voix des défenseurs des terres autochtones. Beaucoup de cas de mise sous silence et d’effacement ont eu lieu à cause d’Honest Reporting. C’est incroyablement injuste, et cela touche vraiment le cœur de notre démocratie », estime la journaliste. 

Iman Kassam a depuis quitté CTV News pour faire de la recherche universitaire sur la manière dont les Canadiens de la génération Z évaluent la crédibilité des informations et la confiance qu’elles suscitent. Contactée au sujet de ce reportage qu’elle a retiré de son site, la direction de CTV News n’a pas répondu à nos demandes à ce jour.

Le houmous de la discorde

À Toronto, une autre journaliste a elle aussi eu des ennuis après avoir été prise pour cible par Honest Reporting. « Samira Mohyeddin est l’animatrice d’Unforked, une émission de radio nationale qui analyse les aliments que nous mangeons pour en révéler la dimension culturelle et politique. Elle est journaliste, réalisatrice de documentaires et productrice de l’émission The Current, sur CBC Radio One, qui a reçu de nombreux prix. [...] Depuis plus de 16 ans, Samira est copropriétaire et exploitante d’un restaurant et d’un marché dans le quartier West Queen West de Toronto, avec son frère et sa sœur. C’est en combinant ses deux passions, l’alimentation et le journalisme, qu’elle reste curieuse, bien informée et bien nourrie. » Ces quelques lignes, glanées sur le site du diffuseur public canadien, résument la carrière de celle qui a présenté sa démission en novembre 2023.

« Vous parler aujourd’hui, c’est prendre un risque, et je ne pense pas que beaucoup de mes collègues parleront à visage découvert. Mais c’est important », témoigne Samira Mohyeddin sans détour. Elle est l’une des deux seules journalistes, avec Iman Kassam, à ne pas avoir requis l’anonymat dans le cadre de cette enquête.

Elle a été visée par HRC dès 2018 pour une émission de débat réunissant de jeunes Israéliens et Palestiniens sur le thème du « chemin vers la paix ». « Il s'agissait d’enfants qui étaient nés dans ce conflit. Ils n’avaient jamais rien connu d’autre que l’occupation, vous savez, et c’était une discussion formidable. D’ailleurs, on a reçu des messages de partout au Canada, de personnes nous disant combien c’était merveilleux d’écouter des Palestiniens et des Israéliens dialoguer ainsi. Mais Honest Reporting Canada n’a pas aimé ça et a envoyé des courriels à ma direction », se souvient-elle. 

Puis, au cours de l’été 2021, c’est un épisode du balado hebdomadaire Unforked, animé par Samira Mohyeddin, qui lui vaut une nouvelle vague de messages sur les réseaux sociaux. Au cœur du débat : le houmous, ce plat moyen-oriental dont le pois chiche est la star. Invités par la journaliste, un sociologue d’une université israélienne, une comédienne palestinienne, une jeune canado-libanaise tenant sa recette de houmous de sa grand-mère et une journaliste militante palestinienne ayant écrit un livre sur la cuisine de Gaza échangent pendant près de 30 minutes. La discussion porte sur leur rapport à ce plat populaire dont la recette familiale se transmet de génération en génération, sur leur avis concernant les variantes de houmous à différentes saveurs non traditionnelles et sur les querelles autour de la paternité du houmous. Dans le dernier quart du balado, le débat se concentre sur le fait qu’Israël a déclaré le houmous comme étant un plat national et sur les implications politiques d’une telle initiative.

Le jour même, HRC lance une « alerte » et sollicite ses abonnés pour le lancement d’une campagne de courriels. L’organisation estime que « la série a dépeint les Israéliens comme des “colonialistes” et des occupants de terres palestiniennes autochtones, responsables de l’effacement des soi-disant communautés palestiniennes historiques » et reproche à l’animatrice d’avoir « qualifié la renaissance d’Israël en 1948 de “Nakba”, un terme provocateur et haineux qui signifie “catastrophe” en arabe ». Selon l’organisme, « cette émission de la CBC a nié l’indépendance juive sur la terre d’Israël et a décrit la création d’Israël comme une catastrophe, et non comme le miracle et la bénédiction qu’elle est réellement ».

Des accusations que Samira Mohyeddin rejette : « Mon émission parle de gastronomie. Ce n’est pas une émission d’information où je dois être équilibrée, c’est une émission sur la nourriture ! C’était un peu absurde, mais vous savez, c’est ce que fait Honest Reporting, qui a l’un des noms les plus orwelliens que l’on puisse imaginer, car l’honnêteté est sans doute la dernière chose qui les caractérise ! »

Dans un premier temps, la directrice principale des affaires courantes de CBC, Alison Broddle, a répondu à HRC qu’aucune erreur n’avait été commise. « Nous avons veillé à ce que les points de vue israélien et palestinien soient représentés par des invités compétents qui ont eu l’occasion et le temps d’antenne nécessaire pour exprimer leurs opinions et être en accord ou en désaccord les uns avec les autres ouvertement », indique Alison Broddle dans le rapport de l’ombudsman. 

N’étant pas satisfait de cette réponse, HRC s’est ensuite adressé à l’ombudsman de CBC, Jack Nagler, un médiateur indépendant entre le diffuseur public et ses auditeurs. Dans un rapport détaillé, celui-ci a considéré que « pour un auditeur préparé par l’introduction à en apprendre davantage sur le “débat” (à savoir l’origine du houmous, NDLR), ce n’était pas une programmation équilibrée », mais il a rejeté tous les autres motifs de plainte soumis par HRC, en rappelant que les invités, qui ne sont pas des journalistes, « étaient parfaitement en droit d’avoir ces opinions et de faire ces déclarations ». 

À propos du terme « nakba », l’ombudsman a précisé ce qui suit : « Il ne s’agissait pas de Samira Mohyeddin qui décrivait la création d’Israël comme une catastrophe. Il s’agissait clairement d’une tentative de définition d’un mot que de nombreux auditeurs ne connaissent peut-être pas. Je crois que CBC a eu raison de le faire. » Jack Nagler a finalement conclu que l’épisode contrevient à la politique de CBC au motif que l’introduction du sujet pouvait laisser penser au public qu’il s’agirait d’un débat d’une autre teneur.

« Si vous lisez le rapport de l’ombudsman, vous verrez qu’il n’est d’accord avec aucune de leurs critiques et qu’à la fin, il leur jette un os pour les calmer. Ça ne m’a pas plu de découvrir ça, je ne pense pas qu’il ait eu raison dans son évaluation et j’ai trouvé cela ridicule », martèle Samira Mohyeddin.

De son côté, Honest Reporting Canada a qualifié cette décision de « victoire » sur son site Internet et ses réseaux sociaux : « Il est important de noter que le rapport de l’ombudsman témoigne du pouvoir et de l’impact des abonnés d’Honest Reporting Canada, qui dénoncent la couverture problématique des événements anti-israéliens et qui ont contribué à sensibiliser la direction de la CBC à cet épisode problématique. »

« On finit par ne plus proposer certains sujets »

Samira Mohyeddin considère que ce genre de situation pousse certains journalistes à l’autocensure. « J’ai quitté CBC, mais ce n’est pas à cause de cette histoire en particulier. Je suis partie pour faire autre chose et je suis contente de ne pas être là-bas en ce moment parce que je ne serais pas capable de gérer ça. Aujourd’hui, j’ai la liberté de dire la vérité, ce qui est bien plus important pour moi qu’un salaire. Je n’ai pas fait de journalisme pour mentir ou pour faire de la publicité pour un pays, je ne suis pas payée pour ça », insiste-t-elle.

Selon le premier sondage canadien sur la haine en ligne envers les journalistes, réalisé par Ipsos en 2021, 31 % d’entre eux admettent avoir réduit la couverture de certains sujets après avoir été harcelés, 23 % disent ne pas diffuser certaines informations, et 15 % reconnaissent avoir abandonné des sujets d’articles. Des chiffres qui permettent d’entrevoir les effets néfastes de la stratégie adoptée par Honest Reporting Canada pour la profession.

« Les directeurs disent tout le temps qu’ils ne veulent pas gérer des centaines de courriels, ce qui se produit invariablement dans ce genre de situation – et HRC le sait très bien en agissant de la sorte, témoigne Samira Mohyeddin. Ce qui arrive, c’est qu’on finit par ne pas proposer certains articles. On finit par ne pas proposer certains sujets parce qu’on se dit qu’ils ne veulent pas s’occuper des courriels, et on ne veut pas non plus être perçu comme le journaliste qui est toujours un casse-tête. Je n’ai jamais réfléchi en ces termes, je m’en fichais, mais je sais que c’est ce qui arrive à beaucoup de journalistes. » « J’ai vraiment l’impression que les directeurs généraux pensent beaucoup au qu’en-dira-t-on et sacrifient la vérité sur l’autel de l’équité quand il s’agit d’Israël et de la Palestine, poursuit-elle. C’est évident ! » 

Interrogé sur ce cas précis, Chuck Thompson, directeur des affaires publiques de CBC, indique ce qui suit : « Le travail de l’ombudsman est indépendant de CBC News, qui respecte son opinion et n’a pas de commentaire à faire sur ses révisions. Le processus de correction de CBC News ne dépend pas des critiques ou des demandes de rectifications faites par qui que ce soit. Si nous apprenons et confirmons qu’une erreur existe sur nos plateformes, nous la corrigeons. Toutefois, si une personne ou un organisme prétend qu’une erreur existe et qu’après vérification nous établissons qu’il n’y a pas d’erreur, nous répondons simplement aux plaignants qu’il n’y a rien à corriger. Il n’y a aucune négociation. » Quant à l’ombudsman Jack Nagler, il nous a dit « ne pas être en mesure de participer à notre reportage ».

La directrice de l’information de la CBC, Tracy Seeley, a répondu à notre question sur les pressions exercées par Honest Reporting et les moyens déployés pour défendre les journalistes lors d’une conférence organisée le 27 août 2024 par le Centre pour la liberté d’expression à l’Université métropolitaine de Toronto sur le thème « La bataille pour couvrir la guerre à Gaza ». « Nous disons à nos journalistes qu’ils ont simplement besoin de se concentrer sur l’exactitude et la justesse de l’information et n’ont pas à se soucier des plaintes. (...) C’est difficile lorsque des personnes sont visées directement par des groupes, et je dirais que nous tentons encore de déterminer la meilleure manière de protéger nos journalistes », assure-t-elle.

De 2022-2023 à 2023-2024, le nombre de plaintes adressées à CBC a augmenté de 45 %, selon le rapport annuel publié par Jack Nagler en mars dernier. « Au total, j’ai reçu 1 882 plaintes à propos d’un aspect de la couverture de CBC de ce sujet (la situation entre Israël et Gaza, NDLR). C’est presque 40 % de la correspondance de l’année entière », note-t-il. « Les messages que j’ai reçus révèlent un fossé profond dans la façon dont les Canadiens perçoivent les événements et la couverture de CBC. Environ 55 % des plaintes estimaient que CBC était injuste envers Israël », précise le médiateur.

Des organisations de journalistes dénoncent Honest Reporting Canada

Face à ces témoignages, face à l’attitude de certaines rédactions qui semblent en difficulté face aux pressions d’Honest Reporting Canada, quelle est la position des fédérations et des organismes qui représentent la profession ? 

« Qu’on soit critique face au travail des médias, c’est bien correct. Je n’ai aucun problème avec ça, les médias ne sont pas parfaits et on est en démocratie. Mais dans ce cas précis, on est bien au-delà de la critique. Quand on met la photo d’un journaliste, qu’on transmet son adresse courriel, puis qu’on invite à le harceler, on est carrément dans l’intimidation », s’indigne le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Pierre-Éric Champagne. « Je dénonce ces agissements-là au nom de la fédération. Je trouve ça extrêmement préoccupant qu'une organisation comme celle-là existe. »  

Pierre-Éric Champagne est président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). Photo:  Hugo-Sébastien-Aubert, La Presse.

Il assure que la FPJQ garde un œil sur les actions menées par HRC contre des journalistes au Québec et dit réfléchir aux réponses que l’organisme pourrait opposer à ces pratiques. « Évidemment, on doit résister à ces pressions-là, il faut qu’on continue à faire notre travail de journalistes », juge Éric-Pierre Champagne.

« Je dénonce ces agissements-là au nom de la fédération. » - Éric-Pierre Champagne, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.

À l’Association canadienne des journalistes (ACJ), le président Brent Jolly a recueilli de nombreux témoignages de journalistes ciblés par le groupe pro-israélien et porte lui aussi un regard très critique sur les méthodes utilisées par HRC. Selon lui, elles représentent « des menaces sérieuses ».

Brent Jolly est le président de l’Association canadienne des journalistes (ACJ). Photo: courtoisie.

Il estime que, depuis le 7 octobre, la situation en Israël et à Gaza s’est transformée en « une forme de guerre de l’information ». Selon lui, Honest Reporting Canada « utilise sa communauté d’adeptes comme une armée – si on peut l’appeler ainsi – afin de faire avancer ses priorités (…). Vous savez, je ne suis pas nécessairement très inquiet de ce qu’Honest Reporting met sur son site Web, je suis plus inquiet des gens et de ce qu’ils font après coup. Ce n’est pas la démocratie, c’est la dictature », s’indigne le président de l’ACJ.

« Je ne suis pas nécessairement très inquiet de ce qu’Honest Reporting met sur son site web, je suis plus inquiet des gens et de ce qu’ils font après coup. Ce n’est pas la démocratie, c’est la dictature. » - Brent Jolly, président de l’Association canadienne des journalistes.

Un constat que partage son homologue québécois. « Ce sont des tentatives d’intimidation, de muselage, en quelque sorte, qui peuvent avoir des effets pernicieux à la longue. L’objectif étant de faire en sorte que ces sujets-là ne soient plus abordés par les médias. Cela peut mener à une forme d’autocensure, qui n’est pas souhaitable, et en même temps qui démontre que ce genre de tactique peut fonctionner. »

Il tient à le souligner, l’antisémitisme est une réalité au Canada. « L’idée n’est pas de nier ça, mais il faut aussi être capable d’aborder certains sujets. Il y a des voix critiques du Hamas, il y a des voix critiques de certains acteurs palestiniens, puis il y a des voix critiques du gouvernement israélien, donc il faut que tout ça existe. C’est le travail des journalistes de donner la parole à ces gens-là », analyse le président de la FPJQ. 

Pour éviter que l’autocensure ne se généralise, ces deux représentants de la profession enjoignent aux médias de prendre leur « responsabilité ». « Généralement, quand un journaliste travaille pour un média, il doit assumer la responsabilité de défendre son journal. On connaît par ailleurs la situation difficile des médias au Canada… Ce n’est peut-être pas leur priorité d’investir des milliers de dollars en frais d’avocat et en frais de cour. Mais on fait un travail qui est constamment dans l’œil du public, un travail important et difficile. Donc, il est essentiel de donner les moyens, les outils, pour faire le travail et protéger aussi les journalistes », analyse le président de la FPJQ.

À l’ACJ, Brent Jolly assure plancher sur la question: «  Je cherche donc en ce moment à mettre à niveau la sécurité numérique afin que les journalistes soient protégés. L’objectif est que nous soyons prêts à faire face à ces problèmes en 2025, qui va être une année riche en élections, donc avec beaucoup de pression. Si nous ne sommes pas préparés à relever ces défis, alors j’aurai échoué dans mon travail ». Telle est la promesse faite à l’ensemble de la profession.

Des initiatives en cours pour riposter

Vue d’Israël, la situation inquiète également certains acteurs médiatiques. Gideon Levy, journaliste et auteur israélien, répond depuis Tel Aviv à notre question sur Honest Reporting Canada sans détour : « Le système israélien et juif de propagande a pris une décision très sophistiquée et stratégique il y a quelques années – ça ne vient pas de commencer –, à savoir d’étiqueter toute critique d’Israël ou de l’occupation comme étant antisémite. Et c’est une sacrée réussite ! (...) La Cour internationale de Justice est antisémite, les juges sont antisémites, les médias sont antisémites… Je pense que c’est devenu un problème de liberté d’expression et de démocratie en Europe, aux États-Unis et au Canada », assure celui qui tient une chronique dans le journal Haaretz. « La plupart des personnes qui critiquent Israël sont des personnes réfléchies, et le fait de les étiqueter comme étant des antisémites est une stratégie pour les réduire au silence. J’ai vu des médias céder. Ils sont paralysés par ces accusations et par le fait qu’ils puissent être accusés d’antisémitisme. Je pense qu’il est temps de dire que personne ne nous dira qui est antisémite et qui ne l’est pas », insiste Gideon Levy.

Comme faisant écho à ces considérations, le 16 octobre dernier sur ses réseaux sociaux, J-Source, une plateforme canadienne consacrée à l’actualité du journalisme et des médias, a invité les journalistes canadiens ciblés par Honest Reporting Canada à signaler ces menaces à l’aide d’un formulaire en ligne, de manière nominative ou anonyme.

<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="en" dir="ltr">If you’ve received threats online after being targeted with a campaign by Honest Reporting Canada, get in touch with the Canada Press Freedom Project:<a href="https://t.co/b01F49Yc0x">https://t.co/b01F49Yc0x</a></p>&mdash; J-Source (@jsource) <a href="https://twitter.com/jsource/status/1846591300730228757?ref_src=twsrc%5Etfw">October 16, 2024</a></blockquote><script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>

« HRC s’est donné pour mission de lancer des attaques calomnieuses et de mauvaise foi contre des groupes de professionnels des médias et d’autres personnes dans le but de faire dérailler leur travail et de salir leur réputation. En tant que salle de presse spécialisée dans la recherche sur la liberté de la presse, nous suivons de près les conséquences des campagnes de harcèlement ciblé et leurs répercussions sur le travail journalistique et la liberté d’expression », explique Steph Wechsler, rédactrice en chef de J-Source et du Canada Press Freedom Project. Ce projet recueille des données sur la nature et la prévalence des violations de la liberté de la presse que subissent les travailleurs des médias dans 12 catégories, dont les menaces en ligne. 

La Fondation Inspirit, qui finance les médias et les arts (dont La Converse, NDLR), a réagi après que l’un des bénéficiaires de son programme de journalisme ait été visé après avoir cité HRC dans certains articles. Honest Reporting Canada a en effet qualifié The Breach de « soi-disant “média indépendant” anti-israélien » sur son site Internet le 15 octobre. 

« Cela fait partie d’un modèle [d’attaque] de longue date d’Honest Reporting, qui diffame sans fondement les critiques d’Israël, mais cela ne nous dissuadera pas de faire du journalisme de qualité », assure Martin Lukacs, rédacteur en chef de The Breach. « Il est affligeant de constater qu’ils disent avoir communiqué avec des représentants du gouvernement pour nous priver de notre admissibilité au petit montant de financement public que nous recevons. Mais comme nous faisons du journalisme primé et crédible, nous doutons que leur lobbying ait un quelconque impact », poursuit-il. Pour faire face à ce genre de pression, la Fondation Inspirit a assuré se mobiliser : « Nous sommes en train de mettre au point des mesures de soutien pour les bénéficiaires, y compris des ressources sur la liberté d’expression, que nous partagerons dans les semaines à venir. »

Parallèlement, deux associations, Just Peace Advocates et Writers Against the War on Gaza Toronto (WAWOG TO), ont annoncé le dépôt d’une plainte officielle auprès de l’Agence du revenu du Canada contre Honest Reporting Canada le 11 octobre dernier. Elles réclament un audit de l’organisme de bienfaisance, car elles estiment que « ses activités pourraient être contraires à la législation canadienne », indique un communiqué. 

Ces associations souhaitent que l’agence fédérale retire le statut d’organisme de bienfaisance à HRC, comme ce fut le cas pour Jewish National Fund Canada et de Ne’eman Canada, le 10 août dernier, à la suite d’un audit. Une affaire à suivre.

Le 5 août, le 19 août et le 8 octobre derniers, La Converse a envoyé des demandes d’entrevue ainsi qu’un droit de réplique par courriel à quatre membres d’Honest Reporting Canada : le directeur général Mike Fegelman, le directeur numérique Rick Firth, la directrice régionale pour le Québec Jade Levitt et le directeur adjoint Robert Walker. Malgré trois relances par courriel, plusieurs tentatives d’appel téléphonique au cours des derniers mois, ainsi qu’un message adressé à Mike Fegelman sur LinkedIn, nous n’avons obtenu aucune réponse à ce jour à nos demandes d’entrevue et aux droits de réplique que nous leur avons offerts. 

* Le prénom a été modifié afin de garantir l’anonymat du témoin.

La critique des médias reste possible autrement

Dénoncer les pressions d’Honest Reporting ne revient pas à nier la légitimité que l’on peut avoir à demander des comptes aux médias. Le grand public ne le sait pas toujours, mais il existe des moyens légaux d’exprimer sa désapprobation à l’égard d’un article : il est ainsi possible de s’adresser au Conseil de presse du Québec, un organe à but non lucratif qui traite les plaintes du public au Québec, ou encore au Conseil national des médias du Canada, à Toronto. 

Pour faire le pont entre les auditeurs et ses journalistes, le radio-télédiffuseur public canadien compte quant à lui sur deux ombudsmans : Jack Nagler pour les services anglais de la CBC, et Pierre Champoux pour les services français de Radio-Canada. 

L’actualité à travers le dialogue.
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