Recevez nos reportages chaque semaine! Du vrai journalisme démocratique, indépendant et sans pub. Découvrez le «making-of» de nos reportages, le pourquoi et le comment.
L’actualité à travers le dialogue.Recevez nos reportages chaque semaine! Du vrai journalisme démocratique, indépendant et sans pub. Découvrez le «making-of» de nos reportages, le pourquoi et le comment.
L’actualité à travers le dialogue.Recevez nos reportages chaque semaine! Du vrai journalisme démocratique, indépendant et sans pub. Découvrez le «making-of» de nos reportages, le pourquoi et le comment.
Recevez notre infolettre chaque semaine pour Découvrir le «making-of» de nos reportages!
Un problème est survenu lors de l'envoi.
Contact
15/10/2020

«Je laisse pas passer ça»: le dernier appel à la justice de Georges-Hervé Awashish

temps de lecture:
5 Minutes
Initiative de journalisme local
Journaliste:
ILLUSTRATEUR:
COURRIEL
Soutenez ce travail
Note de transparence

Georges-Hervé Awashish, âgé de 53 ans, avait été admis à l’hôpital de Chicoutimi, car il avait plusieurs problèmes de santé nécessitant des soins spécialisés. De sa chambre d’hôpital, il tenait à nous parler de son expérience. Deux jours après la mort de Joyce Echaquan, l’homme atikamekw d’Obedjiwan disait avoir entendu le personnel infirmier de l’hôpital proférer des menaces de mort contre lui.

Dans la nuit du 30 septembre, vers 3 h du matin, Georges-Hervé se lève pour aller à la toilette. Lorsqu’il revient dans sa chambre, au quatrième étage, il entend le personnel discuter dans le corridor. « Ils parlaient de Manawan, de M. Echaquan, et puis ça riait », affirmait-il. Bouleversé, M. Awashish ne dit pas un mot dans sa chambre, qui se trouve à proximité du bureau des infirmiers.

Il s’assoit dans son fauteuil roulant. « Après ça, j’ai entendu une des infirmières dire : “On en a un, on en a un indien icitte, couché dans la chambre.” Et puis un autre dire : “On devrait lui injecter un produit toxique, pis son problème va être réglé, il ne marche plus pareil.” Après ça, ils sont partis à rire. Ça riait dans le corridor », nous confiait-il. « Ben, c’est sûr que moi je ne laisse pas passer ça, des menaces de même.

Je veux plus que ça arrive à d’autres patients. J’ai ben de la misère à trouver des mots encore. Je vis de l’anxiété beaucoup… C’est vraiment, c’est vraiment décevant qu’est-ce qu’ils ont dit, je trouve ça ben décevant. » – Georges-Hervé Awashish

« Dors bien, papa »

Quelques heures avant sa mort, le 11 octobre vers 4 h du matin, Georges-Hervé a écrit à son fils, Shawnok, pour l’informer qu’il avait demandé des calmants. « Je vais me recoucher, j’ai demandé des calmants. Fais attention à toi, OK fils… Merci beaucoup d’être là », lui a-t-il écrit via Messenger. « Dors bien, papa […] je serai toujours là pour toi. »

Ce fut leur dernier échange.Dans un courriel envoyé à La Converse, l’hôpital de Chicoutimi déclare qu’il ne commente pas l’état de santé de ses patients et que la conclusion d’une enquête externe portant sur les allégations faites dans cette affaire sera présentée dans quelques jours. L’hôpital enquête également sur les causes du décès de M. Awashish.

« Nous sommes surpris parce qu’il devait être transféré à l’hôpital de Roberval, car son état de santé s’était amélioré », explique Mélanie Boivin, directrice du Centre d’amitié autochtone du Lac-Saint-Jean. La sœur du défunt, Louisette Awashish, a parlé à son frère la veille de son décès.

« Il m’avait dit qu’il devait sortir de cet hôpital […] Il allait bien, il riait et il m’a dit de venir lui rendre visite dimanche matin », raconte-t-elle.La famille ne veut pas sauter aux conclusions et attend impatiemment les rapports d’enquête et d’autopsie. Louisette Awashish veut consulter tous les rapports médicaux de son frère, de son entrée à l’hôpital jusqu’à sa mort.

Georges-Hervé Awashish a été exposé à Roberval le lundi 19 octobre. Il sera ensuite exposé dans sa ville natale d’Obedjiwan. Ses funérailles se tiendront le 22 octobre. La famille recueille des dons afin de payer les frais funéraires.

L’actualité à travers le dialogue.
L’actualité à travers le dialogue.