L’histoire inspire, si on en croit la poète Excel’N’cia, nom de plume de Nancia Marthe. L’été dernier, notre équipe la filmait à Montréal-Nord, en train de réciter Chers descendants, un texte de son cru. « Le but de ma poésie est d’apprendre moi-même sur notre histoire, de pouvoir la vulgariser, d’ouvrir la porte à une conversation, pour qu’on puisse en apprendre plus », dit l’oratrice. Son œuvre, composée un an auparavant, est née de sentiments qui ont culminé à la suite de la mort de George Floyd et d’autres événements de violences policières mortelles commises sur des personnes noires au cours d’une année qui a ravivé les tensions.
« À l’époque, j’avais beaucoup d’émotions négatives, de tristesse, de frustration par rapport à l’injustice qui existe encore, malgré des années de lutte », nous dit la poète. Elle souhaite aujourd’hui exprimer davantage d'optimisme en parlant d’histoire.
« J’ai utilisé cette pièce à la fois pour faire la promotion de notre histoire et pour essayer d’apporter une touche positive, une note d’espoir », dit la jeune femme. Ce faisant, elle s’adresse à ses descendants en évoquant également ses ancêtres.
« J’imagine qu’avant tout, ce qu’on fait, à travers des implications communautaires, on est capable soi-même de faire évoluer les choses. On dirait que j’avais besoin de m’en convaincre pour que les choses s’améliorent, tout en convainquant mon auditoire », confie-t-elle. Nancia parle d’histoire, mais également d’identité.
« En cherchant à me définir, à savoir que je suis, j’ai cherché à comprendre quelle était l’histoire des Noirs au Canada, d’où ils venaient, s’il y a eu l’esclavage ici. Je voulais connaître le parcours des Noirs canadiens », ajoute-t-elle en faisant référence à cette perspective historique qui a été omise de ses livres d’histoire, à l’école. Pour la poète, il ne suffit pas de regarder en arrière, mais de passer à l’action.
« Je crois que, maintenant, il est important de se déconfiner petit à petit, de recommencer à agir. On ne peut pas simplement rester assis, prendre part à des débats en ligne, écrire sur des murs virtuels », dit celle qui invite tout un chacun à s’impliquer. « Parce que la différence, [elle se fait] grâce à des actions, des discussions, en allant vers les autres. En restant isolés, avec la distanciation, on cultive la peur, la crainte de l’autre. Je pense qu’il faut aller à l’encontre de ça. Je vous encourage à le faire. »