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11/11/2020

Rencontre avec Christelle, première journaliste de La Converse

temps de lecture:
5 Minutes
Initiative de journalisme local
Journaliste:
ILLUSTRATEUR:
COURRIEL
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Note de transparence

Depuis le mois de juin, Christelle fait partie de notre équipe de journalistes collaboratrices. De nombreux lecteurs de La Converse la reconnaissent et la félicitent pour son travail. Elle a d’ailleurs donné son accord pour qu’un de ses articles soit utilisé dans un cours de doctorat à l’université de Stanford. D’autres universités lui ont proposé d’aller parler du contenu de ses articles dans leurs facultés. En raison de sa façon de traiter l’information, Christelle ne laisse pas indifférent. Rencontre avec la première journaliste à temps plein de La Converse.

Qu’est-ce qui t’a amenée au journalisme ?

Je souhaite devenir journaliste depuis que je suis toute jeune. Quand j’avais 12 ans, je lisais La Presse assidûment le matin ! J’ai toujours adoré la lecture, et l’écriture est devenue une passion qui n’a jamais disparu. Puis, au moment d’aller à l’université, je n’ai pas été acceptée en journalisme ; j’ai été plusieurs fois sur des listes d’attente. J’ai étudié dans des domaines connexes – en littérature et en traduction. C’était à une époque où le journalisme changeait beaucoup. La Presse annonçait qu’elle allait passer au format numérique. On nous disait de ne pas aller en journalisme, qu’on n’aurait pas de travail. C’était aussi l’époque ou les blogues se multipliaient.

J’ai d’ailleurs eu la chance de contribuer à plusieurs d’entre eux, notamment en couvrant la scène musicale et culturelle. La musique est mon autre passion : je suis auteure-compositrice-interprète et harpiste. Ensuite, j’ai surtout travaillé en communication et en culture. J’ai longtemps été heureuse d’être journaliste on the side, mais l’envie d’en faire mon métier n’a jamais faibli, même si je devais être réaliste. Avec le temps, j’ai également commencé à comprendre les obstacles, notamment systémiques, auxquels je faisais face sur le plan professionnel. Plus récemment, les meurtres de George Floyd et de Breonna Taylor ont réveillé en moi un sentiment d’urgence.

Je me suis dit qu’il fallait que je suive mes rêves. Ça m’a donné un second souffle et m’a poussée à saisir l’occasion de réorienter ma carrière vers le journalisme. Le désir de conscientiser les gens au problème du racisme à également joué un rôle important.

Quel est pour toi le rôle du journaliste ?

C’est un titre que je n’ai réussi à assumer que récemment, alors que je me dis facilement rédactrice, autrice ou musicienne. Il y a un poids et une responsabilité qui viennent avec le fait de se dire journaliste ; on est perçu comme une personne influente, ce que je trouve parfois difficile. Mais c’est un titre que je suis honorée de porter. Je souhaite par-dessus tout partager des histoires et que celles-ci soient entendues.Présentement, dans le paysage médiatique et les réseaux sociaux, on voit beaucoup de journalistes présenter leurs opinions et proposer des chroniques.

Je veux faire tout le contraire – ce qui s’inscrit également dans la ligne éditoriale de La Converse. En tant que personne, j’ai énormément d’opinions, mais comme journaliste, je souhaite aider les gens à s’exprimer eux-mêmes. Dans le contexte actuel, je crois que le rôle du journaliste a besoin d’être revu. On a besoin de prendre du recul.

L’activisme est beaucoup mis en lumière depuis quelque temps, ce qui est une bonne chose.

Par contre, il faut faire la distinction entre journalisme et activisme. Souvent, lorsqu’une personne racisée prend la parole, on l’identifie comme activiste, et parfois de façon péjorative. En tant que journaliste, mon objectif est de partager l’information. Cela ne veut pas dire que, dans mon quotidien, je ne milite pas. Mais ce n’est pas mon métier. Je fais vraiment une grande distinction entre mon métier et ma personne.

Comment as-tu connu La Converse ?

Par une amie journaliste, Ruby Pratka, qui écrit pour La Converse. Elle m’avait approchée pour un article, et j’ai voulu en savoir plus. Je lis énormément de nouvelles et de reportages. Quand j’ai découvert La Converse, j’ai été frappée : je n’avais jamais vu rien de tel. Il n’y avait que quelques articles publiés, mais les sujets m’intéressaient, les reportages étaient fouillés, et les textes étaient bien écrits. J’ai tout de suite voulu y collaborer.  

Qu’est ce qui te réjouit à l’idée de rejoindre La Converse ?

J’ai été agréablement surprise en lisant les 10 valeurs de La Converse : je ne savais pas qu’il était possible de faire du journalisme avec une telle mission ! J’ai trouvé le contenu des articles inédit et rafraîchissant. On voit constamment des coupes et des fermetures dans les médias, et je crois que la qualité du journalisme en souffre. En découvrant La Converse, qui en était à ses débuts, j’ai voulu qu’un tel projet puisse continuer et prendre de l’ampleur. Je me suis reconnue dans le journalisme de dialogue, de proximité. Ce sont des concepts qui étaient nouveaux pour moi, mais qui représentaient bien ce que j’avais envie de lire et de faire. J’ai été interpellée par la notion de discussion, du fait d’être au service des gens et des communautés. Dans la vie, je veux toujours être près des gens, que ce soit par l’écriture ou la musique.

La Converse est une nouvelle plateforme. Que veux-tu que les gens sachent sur le travail qui y est réalisé ?

On est à l’écoute. On agit dans l’intérêt du public. On n’arrive pas avec nos idées ; on va vers les gens et on les laisse nous parler de leurs préoccupations. Je pense qu’on a vraiment une approche inclusive.

Tu as déjà écrit plusieurs articles pour La Converse. Qu’est-ce qui change par rapport aux autres médias ? Sur quoi travailles-tu en premier ?

La première étape, c’est d’observer et d’écouter. Ensuite, c’est d’aller vers les gens. On regarde quelles sont les voix qui manquent, on parle à différents intervenants. En ce sens, il n’y a pas vraiment de processus précis. Ce qui est particulier, c’est que les perspectives changent en cours de route, puisque c’est en discutant avec les gens que l’angle se définit et que le reportage prend forme. C’est vraiment particulier. Ç’a vraiment été un apprentissage parce que ça ne correspond pas du tout à la façon dont j’ai appris à travailler : le sujet ne vient pas de moi, mais des gens qui vivent une situation.

Quelle est l’incidence de ton expérience de journaliste noire sur ton travail ?

C’est sûr que mon expérience a une influence sur la manière dont je perçois les choses. Je n’ai pas nécessairement les mêmes angles morts.

Comment vois-tu l’avenir de La Converse ? Quels sujets aimerais-tu traiter ?

Je souhaite que les gens puissent se retrouver dans nos reportages, c’est eux qui nous le diront ! J’ai envie de parler d’actualité, mais différemment. J’espère qu’on va continuer sur notre lancée et, surtout, grandir. On est un média naissant, j’aimerais qu’on puisse s’établir davantage et prendre notre place dans l’espace médiatique, tout en restant près des communautés. Je veux que le projet prenne de l’expansion pour qu’on puisse couvrir encore plus de sujets et être encore plus sur le terrain. Je pense qu’on est bien partis.

*La Converse est en mesure d’embaucher Christelle Saint-Julien grâce à un financement en technologie numérique de Lancement de carrière, un programme fédéral permettant de lui verser un salaire pendant six mois.

L’actualité à travers le dialogue.
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