Recevez nos reportages chaque semaine! Du vrai journalisme démocratique, indépendant et sans pub. Découvrez le «making-of» de nos reportages, le pourquoi et le comment.
L’actualité à travers le dialogue.Recevez nos reportages chaque semaine! Du vrai journalisme démocratique, indépendant et sans pub. Découvrez le «making-of» de nos reportages, le pourquoi et le comment.
L’actualité à travers le dialogue.Recevez nos reportages chaque semaine! Du vrai journalisme démocratique, indépendant et sans pub. Découvrez le «making-of» de nos reportages, le pourquoi et le comment.
Recevez notre infolettre chaque semaine pour Découvrir le «making-of» de nos reportages!
Merci! Votre demande a été reçue!
Un problème est survenu lors de l'envoi.
Contact
La mosquée Khadijah, derrière ses graffitis
Ashek Ahmad, directeur de la mosquée Khadijah, et son fils Anas.
11/5/2022

La mosquée Khadijah, derrière ses graffitis

temps de lecture:
5 Minutes
Initiative de journalisme local
Journaliste:
ILLUSTRATEUR:
COURRIEL
Soutenez ce travail
Note de transparence

À Pointe-Saint-Charles, les graffitis sur la façade sont la première chose qu’on remarque lorsqu’on s’arrête devant la mosquée anglophone Khadija.

Impossible de passer outre, tant ils attirent l’attention de par leur taille. Ces hiéroglyphes modernes sont pratiquement illisibles, et notre équipe de journalistes en herbe de La Converse abandonne rapidement l’idée de les déchiffrer pour pousser la porte d’entrée. À l’intérieur, l’atmosphère est tout autre. Il y a quelque chose de solennel et de spirituel qui flotte dans l’air. On se sentirait coupable de tripoter son téléphone dans un lieu considéré comme sacré par plusieurs. La première chose qu’on remarque, c’est que tout le monde nous salue. « Aleykoum salam », lance un vieil homme en passant. Pense-t-il que nous sommes tous musulmans ?

On découvrira bientôt que ce n’est pas le cas. On enlève nos souliers, et Ashek Ahmad, le chaleureux directeur de la mosquée, nous accueille avec convivialité. Rapidement, notre équipe se retrouve en pleine discussion avec lui et Nafija Rahman, une fidèle bien connue du quartier.Ashek Ahmad nous fait part de la situation de la mosquée et des difficultés que vivent les communautés environnantes, et il nous parle de l’islam. Il nous raconte également l’histoire de Khadijah, la femme du prophète Mohammed dont la mosquée porte le nom. Une femme entrepreneure que plusieurs jeunes filles pourraient prendre comme modèle de persévérance, estime Ashek. « […] Elle était l’équivalent d’une milliardaire à cette époque », ajoute Nafija Rahman.

Ashek Ahmad évoque l’insécurité alimentaire que vivent plusieurs familles du quartier et de la communauté. Il juge que la ville offre peu de soutien à cet égard. Mais, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, les lieux de culte deviennent des centres d’aide pour plusieurs familles du quartier. Durant le ramadan, Ashek s’est donné pour tâche de distribuer de la nourriture à ces familles. « Le hadith veut qu’on s’assure que nos voisins, 40 voisins au nord, à l’est, au sud et à l’ouest, soient pris en charge […] », explique Nafija.

Ainsi, pendant le mois du ramadan, Ashek vient en aide à 160 voisins de tous horizons et de toutes origines et religions – des étudiants, des familles nouvellement installées au Canada, des aînés, etc. Tout à coup, il est 19 h 50. C’est l’heure de l’Iftar, la rupture du jeûne. On nous invite à aller manger, mais d’abord, on prie. Si plusieurs membres de l’équipe de La Converse sont des habitués des mosquées, c’est une première pour moi. Je me joins aux fidèles en me plaçant complètement à l’arrière.

Je ne connais pas les mots de la prière, mais je mime les mouvements de ceux qui sont près de moi. On se met debout. On s’agenouille. On pose le front contre le sol. On se remet debout. On s’agenouille. On pose le front contre le sol. Il y a quelque chose de thérapeutique dans la répétition de ces mouvements, ma tête se vide de toute pensée et de toute considération extérieure. À cet instant, rien n’est plus important que le moment présent. Je pense à ces croyants de la mosquée de Sainte-Foy, des mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, qui étaient en train de faire la même chose quand un terroriste s’est introduit dans leur lieu de prière. Enfin, on peut manger. Tout le monde s’assoit par terre. On partage le repas dans la bonne humeur et on fait la connaissance d’un groupe d’étudiants pakistanais de Concordia.

« Ce n’est pas notre mosquée, nous apprend l’un d’entre eux en riant. On vient ici pour la bouffe. » Tout le monde est bienvenu ici, et l’homme qui ma dit bonjour plus tôt savait que je n’étais pas musulman, mais ça lui importait peu. La mosquée Khadijah ouvre ses portes à tous, musulmans et non-musulmans, et offre à chacun le peu qu’elle a, par bonté. Dehors, les graffitis sont toujours là, dégageant des ondes funestes, résultats de sentiments haineux et islamophobes. Que pensaient les personnes qui ont vandalisé la mosquée ?

Nous, on n’y a trouvé que de la fraternité, de l’amour, un grand respect des traditions et du partage. Il suffit de pousser la porte pour y découvrir la même chose.

L’actualité à travers le dialogue.
L’actualité à travers le dialogue.