La Converse s’est entretenue avec des électeurs et des experts des communautés latino-américaines pour savoir ce qui préoccupe l’électorat latino hispanophone au Canada.
Aurora Pacheco pourra voter pour la première fois aux élections fédérales qui se tiendront la semaine prochaine. Cette Vénézuélienne de 44 ans a obtenu la nationalité canadienne en 2024. En plus de voter pour le Parti libéral, elle a décidé de s’inscrire comme bénévole au bureau du parti à LaSalle, à Montréal. « Cela me fait du bien de représenter activement la communauté latino-américaine et d’aider mes amis à comprendre l’importance du vote ; parce qu’aujourd’hui plus que jamais, on en a besoin. »
Lorsque nous lui parlons au téléphone, Aurora est enthousiaste et très motivée à l’idée de participer au processus électoral. Pour elle, voter au Canada est une grande occasion et un privilège dont elle compte profiter au maximum. « Ici, nous pouvons nous exprimer sans crainte. Nous pouvons connaître les différents programmes. Le vote sera respecté. Les partis qui ne gagnent pas seront dans l’opposition. Cela est vital pour la santé d’un gouvernement. »
Au-delà des sondages, Aurora s’inquiète des marges étroites qui séparent les deux principaux partis. « J’ai des connaissances qui votent conservateur parce qu’elles en ont assez de Trudeau. Il y a aussi beaucoup de Vénézuéliens qui votent conservateur juste parce que la femme de Poilievre est Vénézuélienne, et je me demande en quoi la victoire de Poilievre va nous être bénéfique, à nous, les Vénézuéliens. »
Comme Aurora, 3,3 % de la population canadienne – d’origine latino-américaine – pourra exprimer – ou non – son intérêt pour la politique nationale le 28 avril prochain.
Aucune étude n’a cependant été consacrée au comportement électoral des Latinos hispaniques lors des scrutins au Canada. Selon les chiffres de Statistique Canada, on sait néanmoins que les citoyens canadiens naturalisés participent davantage aux élections lorsqu’ils sont installés depuis longtemps au pays. Le taux de fréquentation des urnes est ainsi de 71 % parmi les citoyens résidant depuis plus de 10 ans au pays. De plus, selon Élections Canada, le groupe des citoyens originaires d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes a enregistré un taux de participation de 73,3 % lors des élections fédérales de 2000.
« Les sociétés latino-américaines sont très politisées »
Vingt-cinq ans plus tard, trois grands sujets poussent les électeurs d’origine hispano-américaine à participer aux élections fédérales : l’économie, les changements potentiels aux politiques d’immigration et l’influence du gouvernement américain sur les affaires nationales.
D’origine argentine, Victor Armony, professeur au Département de sociologie de l’UQAM, a mené des travaux sur les populations immigrées, en s’attardant plus particulièrement aux communautés latino-américaines au Canada. Selon lui, « les rares informations dont nous disposons suggèrent que les Latinos ont tendance à participer aux élections. Nous pouvons en partie le constater dans les nominations. Aujourd’hui, nous observons la présence de personnes d’origine latino-américaine à tous les paliers de gouvernement : dans les municipalités, comme à Montréal, dans la politique provinciale au Québec et au Parlement fédéral. Jusqu’à la démission du premier ministre Justin Trudeau, deux de ses ministres étaient des personnes nées en Amérique latine : Pablo Rodríguez, ministre des Transports d’origine argentine, et Soraya Martínez, ministre du Tourisme d’origine chilienne. »
Même s’il n’y a pas beaucoup de députés originaires d’Amérique latine, Victor Armony insiste sur un aspect important : « Il ne faut pas oublier que les personnes issues de l’immigration latino-américaine ne représentent pas plus de 3 % de la population canadienne. Je dirais donc que la représentation est tout à fait significative. »
L’expert souligne en effet que « les sociétés latino-américaines sont très politisées, ce qui se manifeste peut-être dans le comportement des membres de leurs diasporas ; pas tant dans leur activisme, mais dans le fait qu’ils restent bien informés et vont voter ». L’une des raisons de cet intérêt, selon M. Armony, est l’expérience politique dans les sociétés d’origine, instables et conflictuelles, où des problèmes comme l’inflation, la pauvreté, la corruption, l’insécurité et l’autoritarisme sont fréquents.
Quels sont les enjeux pour les Latinos hispaniques ?
Les élections fédérales de 2025 suscitent beaucoup d’intérêt, mais aussi une certaine anxiété, tant chez les Latinos hispaniques qui ont le droit de vote que chez ceux qui ne peuvent pas encore exercer ce droit parce qu’ils n’ont pas été naturalisés.
Selon M. Armony, cette élection devrait enregistrer un taux de participation élevé, « surtout si l’on prend en compte la mobilisation de nombreux Canadiens contre les tarifs douaniers imposés par le gouvernement américain : annulation des voyages aux États-Unis, boycott des importations américaines, achat de produits locaux, etc. Le degré de motivation civique est élevé, ce qui devrait se traduire par une forte participation électorale. »
Or, précise-t-il, « les Latino-Américains apprécient tout particulièrement la stabilité de la société canadienne. La tranquillité économique est peut-être l’aspect le plus important, et c’est précisément ce que les politiques du gouvernement américain mettent actuellement en péril. »
Cecilia Escamilla connaît bien les communautés latino-américaines de la Belle Province, plus particulièrement celles de Montréal. Elle dirige le Centre d’aide aux familles latino-américaines (CAFLA). Travailleuse communautaire depuis plus de 20 ans, elle est à la tête de cette organisation à but non lucratif et se dit préoccupée par l’avenir à court terme des communautés latino-américaines.
« Tout d’abord, il y a l’immigration. Je m’inquiète des changements au niveau fédéral et de leurs répercussions sur les demandeurs d’asile, les étudiants et les familles sans papiers et sans statut. Ces personnes n’ont accès à pratiquement aucune prestation et sont exploitées pour leur travail, ce qui les rend doublement vulnérables », explique-t-elle.
Le deuxième facteur que Mme Escamilla considère comme essentiel dans ce processus électoral est l’incidence que les discours politiques ont sur des valeurs fondamentales comme la coexistence, l’acceptation, l’inclusion, la tolérance et le respect, en particulier à l’égard des personnes défavorisées.
Elle ajoute avoir été récemment témoin d’épisodes d’intolérance qui l’amènent à penser que « ces valeurs se sont beaucoup affaiblies dans cette société. Cela n’aide pas du tout à l’intégration. Cela a également des conséquences importantes sur la santé mentale des personnes issues des communautés immigrées », précise-t-elle.
La travailleuse communautaire observe ce phénomène tous les jours : « Nous recevons de plus en plus de demandes de services de soutien en matière de santé mentale, et nous n’arrivons pas à y répondre. Je suis également très préoccupée par les coupes qui pourraient être faites dans les différentes organisations au service des communautés. Je pense que l’effet sera énorme et je m’inquiète pour l’avenir des organisations sociales. Nous avons tous de plus en plus de besoins et de moins en moins de financement », souligne-t-elle.
Les électeurs ont des choses à dire
Jesús Ardila, un Vénézuélien installé au Canada depuis 40 ans, s’est toujours considéré comme un centriste. Mais cette fois, ce pédiatre père de neuf enfants nés au Canada prévoit voter conservateur. « Je suis déterminé à passer à droite, et c’est la catastrophe que traverse ce pays qui m’a amené à prendre cette décision. »
L’économie et le coût des logements au pays l’inquiètent tout particulièrement. « Je pense que la qualité de vie des Canadiens a été sacrifiée », confie-t-il.

Il récuse ce qu’il appelle « le libertinage de l’immigration » : « Je crois en la valeur de l’immigration, mais le gouvernement a laissé entrer des millions d’immigrants sans tenir compte des services et de la qualité qu’il peut offrir aux habitants déjà présents sur le territoire. Cela affecte la santé, l’éducation et les services de base, ainsi que la sécurité. »
Le médecin se plaint également de certaines idées qu’il considère comme « une conséquence de la vision libérale et du wokisme ». Il fait notamment référence à la diversité des genres. « Pour moi, il n’y a que deux sexes : l’homme et la femme. Dans ma pratique, j’ai l’obligation de fournir des soins, de respecter et de traiter tous les patients. Toutefois, avec tant de lacunes dans tant de domaines, cette vision woke ne fait que créer plus de conflits sociaux. »
Il a fait confectionner une casquette griffée du slogan « Make Canada Great Again ». Sans surprise, il se dit également trumpiste. « Beaucoup de gens n’aiment pas ce type parce qu’il est grossier, mais c’est un négociateur », précise-t-il. L’imposition de tarifs douaniers de 25 % au Canada ne pose d’ailleurs pas de problème à Jesús Ardila, car, pense-t-il, il s’agit « d’un stratagème [de la part de Donald Trump] pour soulager la pression sur son pays. Il fait pression sur le Canada pour qu’il fasse des affaires avec lui. » Selon lui, « tout cela sera résolu lorsque nous aurons un nouveau premier ministre ».
Selon le médecin, Pierre Poilievre est donc le candidat idéal pour faire face à Trump. « Ils vont se comprendre comme deux frères, agacés et contents. Il va travailler dur avec Trump pour que nous redevenions grands et pour générer des ressources. »
Il n’est pas tout à fait convaincu par l’idée de faire du Canada le 51e État du pays voisin, mais il pense quand même qu’elle a un certain sens. « Je ne suis pas entièrement d’accord, parce que ce pays a son histoire, son bilinguisme ; mais économiquement, je pense que les citoyens canadiens se porteraient mieux en se joignant aux États-Unis », estime-t-il.
Angel Castilla, un charpentier de construction hispano-vénézuélien de 25 ans, ne pourra pas, lui, prendre part à cette élection, car il n’a emménagé au Canada que depuis trois ans. Cependant, il s’engage bénévolement pour le Parti conservateur à Toronto. Il militait pour le parti de droite Vox en Espagne, avant d’immigrer au Canada.
« Ici, tout allait bien : c’était une société incroyable, où on travaillait, où on économisait et où on obtenait tout ce qu’on voulait. On pouvait acheter une voiture, économiser pour une maison, et bien plus encore. Mais depuis mon arrivée, j’ai constaté un déclin brutal des aspects économiques et sociaux », déclare-t-il.
L’administration libérale n’a pas bien fait les choses et est restée trop longtemps au pouvoir, estime-t-il. Il pense que les jeunes comme lui, même s’ils ne votent pas, peuvent contribuer à la mobilisation.
Les bénévoles créent notamment des éléments de propagande politique non traditionnels. Dans cette optique, et avec le slogan « Bring it Home », M. Castilla a créé, avec des collègues, une chanson de salsa en anglais, diffusée sur les réseaux du groupe Latinos4Pierre, dont il est membre.
Le jeune pro-conservateur affirme que « la gouvernance libérale est fondée sur la censure de ceux qui s’expriment contre eux ». Il cite la loi C-18 [connue sous le nom de Loi sur les nouvelles en ligne], « qui fait en sorte que je ne peux même pas voir les nouvelles de mon pays, car elles sont bloquées », pense-t-il.
Il évoque également la loi C-63 [Loi sur les préjudices en ligne] qui, selon [les libéraux], vise à lutter contre les crimes haineux en ligne, mais qui, juge-t-il, est « en réalité une autre forme de censure, car lorsque la haine est dirigée contre ceux qui ne pensent pas comme eux, ils ne font rien », fait-il remarquer.
Le jeune homme estime que, dans cette élection, la liberté, l’économie, la sécurité et la société sont des enjeux. « Cette administration a entraîné beaucoup de dépenses et des restrictions massives à des projets qui pourraient bénéficier au Canada. Les investisseurs internationaux se détournent et vont vers les États-Unis. »
À propos du pays voisin, Angel Castilla ne pense pas non plus que les mesures tarifaires de Donald Trump constitueront un problème à long terme. « Le problème du Canada n’est pas Trump, mais le gouvernement actuel. Je ne veux pas d’un politicien qui veut partir en guerre économique, je veux un politicien fort qui cherche une solution. Je pense que Pierre peut obtenir un bon deal », affirme-t-il.

Quant à l’annexion du Canada par les États-Unis, il ne pense pas que cela soit sérieux. « L’administration Trump excelle dans le marketing et le trolling des mauvais politiciens. Les gens font tout un drame pour des bêtises, au lieu de se concentrer sur l’essentiel », ajoute-t-il.
Il est également persuadé que la popularité de Pierre Poilievre est bien plus grande que ne le montrent les sondages. « Beaucoup de gens sont avec Pierre. Ils sont dans les syndicats de travailleurs. Ils font la queue sans arrêt. Cela se passe dans les rassemblements. Je pense que sa popularité est plus grande que nous ne l’imaginons ; cela ne se voit simplement pas », déclare-t-il.
Même son de cloche du côté d’Isaac Mendoza, un Cubain de 29 ans qui vit à Toronto depuis 2019. Il votera conservateur à cette élection, pour l’économie et la possibilité d’apporter des changements dans le commerce entre les provinces, « dont Pierre Poilievre avait promis de s’occuper ». Au cours des 10 dernières années, les libéraux ont détruit l’économie et entraîné une dépendance presque totale à l’égard des États-Unis, affirme-t-il. « Il est plus simple de commercer [de l’Ontario] avec New York qu’avec l’Alberta », regrette-t-il.
Isaac pense que le parti libéral est au pouvoir depuis trop longtemps et il n’est pas satisfait de sa gestion. Il considère également que ce parti « est plus proche du communisme que de la démocratie » et, ayant vécu dans une dictature communiste, « je connais de première main tous les désastres et toutes les souffrances que cela peut causer ».
Autres préoccupations de la communauté
La rue Saint-Hubert, à Montréal, accueille un nombre important d’Hispaniques qui viennent d’autres quartiers pour y faire leurs courses. Nous avons discuté avec certains passants, mais tous ne souhaitaient pas nous faire part de leurs opinions politiques. En fait, la majorité d’entre eux sont méfiants. Ils ne se sentent pas à l’aise de parler, de dire s’ils votent ou non et sont encore moins enclins à répondre pour qui ils votent. Ceux qui le font préfèrent qu’on ne les cite pas par leur nom de famille et qu’on ne les photographie pas.
C’est le cas de Felipe, 55 ans, qui attend avec son chien que sa femme termine ses courses. Le couple, originaire du Mexique, est installé à Montréal depuis trois ans et fait une demande de résidence permanente, ce qui l’empêche de voter pour l’instant. Felipe avoue ne pas être très au fait des propositions des différents partis politiques, mais se dit très préoccupé par cette élection et par la manière dont les résultats du scrutin affecteront sa vie au Canada.
« Je crains qu’un nouveau gouvernement ne prenne des mesures sévères à l’encontre des immigrants. Chaque fois qu’il y a un changement de gouvernement, les politiques changent. Je sais que certaines personnes enfreignent la loi, mais ce n’est pas le cas de tous. Malheureusement, lorsque ces changements surviennent, tout le fardeau retombe sur ceux d’entre nous qui essaient d’effectuer leurs démarches correctement. »
Ana Villanueva, 49 ans, d’origine mexicaine, avoue quant à elle avoir eu peur que le Parti libéral n’ait aucune chance de sortir victorieux des élections, après les jours tumultueux qui ont précédé le départ de Justin Trudeau. Alors, elle s’est mobilisée. « J’ai fait ce que je n’avais jamais fait auparavant : je me suis inscrite au parti, j’ai fait un don, je suis allée à un rassemblement et j’ai voté aux primaires. Je pense que l’enjeu de cette élection est important », déclare-t-elle.
Pour Ana, il est crucial d’inclure dans la liste des enjeux « le fait qu’aux États-Unis, ils essaient d’anéantir la diversité ». Selon elle, « il est plus important que jamais d’avoir au Canada, pays traditionnellement inclusif et diversifié, une personne qui continuera à promouvoir cette valeur. Je pense que Poilievre sera une copie conforme de Trump, et c’est effrayant », ajoute-t-elle.
Elle cite, pêle-mêle, la défense des droits de l’homme, la protection de l’environnement, les droits des femmes, valeurs avec lesquelles elle pense que le Parti libéral est plus aligné.
Bien qu’il soit difficile de déterminer si l’électorat latino hispanique au Canada s’identifie davantage à un parti plutôt qu’à un autre, il est toutefois évident qu’il se mobilise activement et que l’influence des États-Unis constitue une question clé dans l’esprit de cette communauté.
Trump et Poilievre : une crise imaginaire?
Ce matin, dans la cuisine de la maison, mon mari et moi avons eu cette conversation qui a lieu tous les jours, une sorte de podcast privé entre deux journalistes qui boivent un café et discutent de l'actualité comme s'il s'agissait de n'importe quelle autre affaire domestique. Il est plus qu'inhabituel d'interviewer son conjoint, et c'est pourquoi je tiens à être très transparente à ce sujet. Mais il se trouve que mon mari, Rafael Osío Cabrices, est un journaliste avec plus de 30 ans d'expérience dans les questions politiques et culturelles latino-américaines et le rédacteur en chef de Caracas Chronicles, un média vénézuélien de langue anglaise basé aux États-Unis.
Selon lui, les Latinos sont en général conservateurs par définition, notamment en raison de l'influence des religions catholique et évangélique . « Le centre et la gauche canadiens, les libéraux et le NPD, parlent de thématiques qui, en Amérique Latine, sont utilisées par les gouvernements que beaucoup d'immigrants ont fui, et c'est une simple arithmétique qui les pousse encore plus à droite ». De fait, le vote de certains Latino-Américains serait guidé par la logique « si je suis contre la gauche de mon pays d’origine, en conséquence, je suis aussi contre tout ce que propose la gauche dans mon pays d’accueil ». Les questions comme les droits des LGBTQ+, l'environnement, l'avortement et le féminisme, qui sont mobilisées au Canada par le centre et la gauche, sont donc des repoussoirs pour ces immigrants. « Les électeurs latinos en général ne sont pas seulement hostiles à ces questions parce qu'ils ne les comprennent pas bien, mais aussi parce qu'ils les associent - parfois à tort - à des individus comme Nicolás Maduro (Venezuela), Miguel Díaz Canel (Cuba) et Daniel Ortega (Nicaragua), entre autres, et c'est un facteur que ni les démocrates aux États-Unis, ni les libéraux ou le NPD ici n'ont été capables de comprendre », explique-t-il.
Pierre Poilievre, quant à lui, a intégré ces questions dans son discours. « Je pense que l'alarmisme sur les questions sociales et la critique de la gestion économique libérale sont au cœur des raisons pour lesquelles une bonne partie de l'électorat hispanique au Canada le soutient », estime-t-il.
Il mentionne également les discours catastrophistes remplis de fake news et de théories du complot qui circulent sur les réseaux sociaux et sur WhatsApp ». Or, beaucoup de Latinos s’informent via ces plateformes. « Poilievre profite de ce discours depuis la pandémie et la crise des camionneurs à Ottawa, ce qui s'est beaucoup renforcé depuis la victoire de Trump », ajoute-t-il.
Une question qui a particulièrement retenu l'attention de nombreux analystes américains pendant la campagne de Trump était de savoir pourquoi un électorat immigré pouvait s'identifier à un leader qui ne leur ressemble pas du tout. Rafael a une idée : « Des Latinos admirent et s'identifient à Trump en partie parce qu'il est millionnaire, mais surtout parce que c'est un type qui fait ce qu'il veut et parce qu'il offre des solutions simples et immédiates à ces grands problèmes qui, en réalité, ne sont que des problèmes imaginaires ». Il fait spécifiquement référence à ces idées qui ont été nourries dans le monde des fausses nouvelles.
Rafael estime que des menaces inexistantes ont été créées et surestimées, et alimentent l’homophobie et le racisme chez certains immigrés. « Non, leurs enfants ne vont pas être “ homosexualisés ” dans les écoles, l'avortement ne va pas être utilisé comme méthode de contraception et la société occidentale blanche, dans laquelle les Latinos veulent s'insérer, ne va pas être remplacée par des musulmans, des homosexuels, des personnes noires, etc. ». Trump et Poilievre se sont vendus comme la solution facile et simple à une grande catastrophe qui est supposée se produire, mais qui en réalité n'existe pas ».