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11/8/2023

L'Odyssée d'Adam entre les eaux de l'identité

temps de lecture:
5 Minutes
Initiative de journalisme local
Journaliste:
ILLUSTRATEUR:
COURRIEL
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Note de transparence

يا المقنين الزين يا أصفر الجناحين

يا أحمر الخدين يا كحيل العينين

هذي مدة وسنين وأنت فالقفص حزين

تغني بصوت حنين لا من يعرف غناك منين

« Ô joli chardonneret aux ailes jaunes,

aux joues rouges, aux yeux noirs.

Tu es dans une triste cage depuis des années.

Chantant d’une voix nostalgique et douce,

personne ne sait d’où surgit ton chant. »*

Ce dimanche, Montréal se parera des teintes chatoyantes de l’arc-en-ciel. Les rues résonneront de musiques puissantes et les costumes rivaliseront de créativité. Le défilé de la Fierté battra son plein. Mais derrière ce tableau festif se cacheront des récits oubliés et des expériences trop souvent reléguées dans l’ombre. Celle d’Adam Darko en fait partie. Nous avons rencontré ce Néo-Canadien d’origine algérienne à Montréal, au bord du fleuve Saint-Laurent, pour écouter son récit.

Adam, entre deux rives

Adam Darko étend précautionneusement sa nappe de pique-nique vert émeraude sur le sol. Il choisit avec soin un coin paisible, entre un buisson et un arbre majestueux. Son regard se fixe sur les deux imposants immeubles résidentiels qui, telles des sentinelles, encadrent de part et d’autre la portion de la plage urbaine où nous nous trouvons.

Pour Adam, les contraintes liées au sexe assigné à la naissance ainsi que les barrières de son genre lui sont apparues dès sa prime jeunesse. Il sait que, tel un ruisseau, les fluctuations incessantes entre ces deux rives, la fluidité des éléments – sexualité, identité de genre –, suivent leur cours, se frayent un chemin entre les contours préétablis.

Si ce Montréalais se présente aujourd’hui en tant qu’homme transgenre queer, ce n’était pas le cas durant sa jeunesse à Alger. Il avait alors une perception différente de lui-même. « Vers la fin de mon adolescence, quand j’étais toujours en Algérie, je fréquentais une jeune femme et je me disais lesbienne », dit-il en riant. En effet, son sexe assigné à la naissance – féminin – ne correspondait pas à sa véritable identité. « Après avoir exposé à ma petite amie de l’époque mes sentiments envers mon corps et mon genre, elle m’a demandé : “Es-tu trans ?” À ce moment-là, je n’avais pas encore saisi ce que voulait dire ce mot. Mais, au fil de mes recherches, cette identité a résonné en moi », se remémore le jeune homme de 27 ans en esquissant un sourire.

Après cette révélation, Adam envisage de quitter son pays natal, l’Algérie. « Je ne cessais de répéter à mon père que nous devions obtenir des passeports, même si nous n’avions pas de voyage prévu. » À l’aube de ses 20 ans, il atteint un point de rupture. « J’avais le sentiment d’être sur le point d’exploser. Et puis, un jour, tout s’est déversé. Je ne pouvais plus supporter la pression de devoir me conformer aux attentes liées au genre. J’ai fait spontanément mon coming out en tant qu’homme trans auprès de ma famille. »

Cette nouvelle a chamboulé la famille d’Adam. À l’exception d’un de ses quatre frères, tous l’ont décrié et rejeté. « Mon père ne pouvait pas en croire ses oreilles et m’a même menacé de mort. Ma mère a tenté de me protéger, mais elle ne pouvait pas être ouvertement solidaire. Je me suis senti incroyablement seul au sein de mon cercle de proches, d’autant plus que j’ai également perdu de nombreux amis. »

Il se tait, tandis qu’un groupe de jeunes passe. Quelques secondes s’écoulent, et ses yeux bruns s’accrochent à l’espace entre deux bâtiments. Puis, il reprend sur un ton paisible : « Après mon coming out, j’ai coupé mes cheveux très courts et je me suis mis à porter des vêtements plus traditionnellement masculins. »

Cette décision témoigne d’un grand courage, car en Algérie, la queeritude n’est pas socialement acceptée. Le changement esthétique soudain et l’adoption d’un style plus androgyne par Adam ne sont pas passés inaperçus et l’ont exposé à un harcèlement continu dans la rue. À cela il faut ajouter que le Code pénal algérien punit l’homosexualité et l’« outrage à la pudeur publique » d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.

Perdu, Adam entre en contact avec la communauté queer algérienne. Sans soutien, il prend la décision de lancer une chaîne YouTube pour partager son expérience. « De nombreux Algériens et Nord-Africains queers et des personnes de pays occidentaux ont commencé à me contacter. » Cette communauté s’est avérée vitale pour Adam ; elle lui a fourni du soutien, une parenté et des solutions. « J’ai rencontré de nombreux Algériens qui envisageaient aussi de quitter le pays pour des raisons de sécurité. Chacun avait sa propre histoire et ses propres méthodes pour partir. L’une de mes ami.e.s en ligne a choisi la Malaisie et me l’a beaucoup recommandée, car ce pays fait partie de ceux pour lesquels les Algériens n’ont pas besoin de demander un visa d’entrée. »

Le corps, une migration vers soi

Avec le temps, Adam réussit à apaiser les tensions avec son père. Avec le soutien de son frère, il convainc sa mère que la menace qui pèse sur lui en Algérie est trop grande. « Je me souviens de rentrer chez moi et de raconter à ma mère que j’avais encore été victime de harcèlement, que vivre là-bas était devenu insupportable. Sortir était devenu dangereux. Peu à peu, elle a commencé à comprendre la situation. »

L’année suivant son coming out, Adam persuade ses parents de le laisser partir étudier en Malaisie. « En réalité, je n’avais pas de plan précis, mais quitter l’Algérie était déjà une meilleure option que d’y rester. J’ai donc élaboré un mensonge, j’ai dit que je souhaitais continuer mes études en Malaisie. Même s’ils ont hésité jusqu’au dernier moment, le fait que ce soit un pays musulman a joué en ma faveur. »

C’est donc par une belle journée ensoleillée d’août 2017 que le jeune Algérien quitte sa terre natale pour se rendre en Malaisie. Une fois sur place, il partage son quotidien avec l’amie qui lui avait recommandé de s’exiler dans ce pays. Après quelques mois, il trouve un logement et un travail au noir, en l’absence de permis de travail.

« Une fois installé, j’ai entamé ma transition physique. J’ai acheté des hormones sur le marché noir. Étant donné ma vulnérabilité en tant que migrant, le vendeur m’a pratiquement escroqué en me vendant les hormones à un prix excessif et en me donnant des instructions d’utilisation inadéquates. Les hormones que je prenais étaient censées être utilisées sur une plus longue période et pas aussi fréquemment que ce qu’il m’avait dit », dénonce-t-il.

Les souvenirs remontent et engourdissent Adam. Ses yeux aux longs cils noirs se ferment, et sa tête se tourne vers le ciel, alors que les feuilles des arbres virevoltent sous la brise. Il effleure sa barbe avant de reprendre : « C’était vraiment risqué, m’injecter des hormones sans disposer de références fiables. Je me fiais aux conseils de mes ami.e.s, mais leur expertise n’était pas nécessairement meilleure que la mienne. Je ne recommande pas cette approche. Mais à l’époque, en tant que touriste, je n’avais pas d’autre possibilité. »

« Ô joli chardonneret »

Malgré cette prise de risque, Adam dit avoir vécu une vie relativement agréable en Malaisie. Cependant, l’absence d’un statut migratoire stable pesait sur lui. « Je n’avais qu’un visa de touriste, et ça me plongeait constamment dans l’anxiété. Ma vie était une perpétuelle inquiétude. J’ai essayé d’obtenir un visa d’étudiant, mais il m’a été refusé. J’ai aussi vu plusieurs de mes amis dépenser des sommes considérables pour le traitement de dossiers d’immigration et faire affaire avec des avocats qui ont finalement empoché l’argent sans même déposer les demandes. »

Pendant ce temps, Adam est en contact sur Internet avec la communauté LGBTQ+ arabe, qui lui suggère de demander l’asile en Malaisie. Cependant, les réfugiés n’y ont aucun statut juridique, les autorités ne font pas de distinction entre les migrants sans papier et les réfugiés. Ces derniers n’ont aucun droit à la protection. Ils sont susceptibles d’être refoulés et vivent sans cesse dans la crainte d’être arrêtés et expulsés du pays.

Adam sollicite tout de même le statut de réfugié auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Kuala Lumpur. Il espère ainsi bénéficier de la protection de de l’organisation internationale. Ce processus implique des entretiens approfondis et une longue attente en vue d’une éventuelle réinstallation dans un autre pays. Cependant, aucune protection ne lui est offerte entre-temps.

Pour prolonger son visa de tourisme en Malaisie, Adam doit quitter le pays et se rendre en Indonésie. Mais lors de son retour en Malaisie, alors qu’il revient pour passer un entretien avec un agent du HCR, il est confronté à un obstacle majeur : les agents frontaliers remarquent que sa photo d’identité ne correspond pas à son apparence physique. Découvrant qu’il est transgenre et qu’il a prolongé illégalement son visa, ils lui refusent l’entrée en Malaisie. Malgré son document de demande de statut de réfugié, il est retenu à l’aéroport, sans affaires ni passeport, et passe la nuit sur place.

Le processus d’entretien de réinstallation avec le HCR suit son cours, mais Adam est expulsé en Indonésie le lendemain de son retour en Malaisie. En Indonésie, il essuie un autre refus d’entrée, car la Malaisie ne l’a pas autorisé à passer. Là encore, son dossier de demande de statut de réfugié ne lui offre aucune protection. Les autorités indonésiennes songent même à le renvoyer en Algérie, une option qui n’est pas envisageable.

Son récit nous glace ; Adam nous offre un répit. Il saisit une enceinte qu’il a apportée avec lui sur la plage, et la voix de la chanteuse algérienne Naïma D’ziria résonne : « Ô joli chardonneret aux ailes jaunes, aux joues rouges, aux yeux noirs. Tu es dans une triste cage depuis des années. Chantant d’une voix nostalgique et douce, personne ne sait d’où surgit ton chant. »* Adam suit du regard un petit oiseau qui se perd dans les arbres. Un sourire se dessine sur ses lèvres, puis son visage s’assombrit, son regard se fixe sur les reflets du soleil dans les fenêtres qui nous font face.

« Les premiers jours passés dans cet aéroport de Jakarta, j’ai eu l’impression d’être en cage. Mon passeport était une source de profonde humiliation. J’étais rabaissé et traité comme un criminel », confie-t-il.

Les jours s’écoulent alors lentement, jusqu’à ce qu’un agent du HCR communique avec Adam. « Il m’a informé qu’ils étaient en pourparlers avec le Canada et qu’ils pensaient que le pays pourrait être intéressé par mon cas. » Un sourire étire les coins de ses lèvres. « Quand j’habitais à Alger, je suivais les célébrations de la Fierté à Montréal. L’idée que le Canada puisse un jour m’accueillir était pour moi un immense espoir. Le Canada est devenu mon ancre, ma bouée de sauvetage. C’est la seule chose qui m’ait maintenu à flot durant ces 20 nuits passées sur le sol de l’aéroport. »

Après trois semaines infernales, l’appel tant attendu retentit : Adam peut quitter ces limbes pour s’envoler vers le Canada dès le lendemain. Lors de la dernière nuit qu’il passe en Indonésie, allongé sur le plancher de l’aéroport, il se laisse emporter par ses rêves en songeant à sa nouvelle vie. « Une euphorie que je n’avais jamais ressentie m’a envahi. Comme si mon être flottait sur un nuage, en suspension. Une sensation presque irréelle, comme si un rêve prenait vie. J’ai mis un moment à réaliser que tout cela était bien réel. Tout semblait presque trop beau pour être vrai. »

La déception de la Fierté

En 2018, Adam quitte enfin sa cage pour atterrir à Montréal, où il pose ses valises et s’établit. Au cours du premier été, il réalise enfin son vœu d’assister à la parade de la Fierté. « Je me souviens y être allé avec des amis queers algériens que j’avais rencontrés en ligne. Pendant la marche, j’ai vu quelqu’un avec le drapeau algérien. Cela m’a profondément touché. J’ai ressenti une validation. D’ailleurs, en 2019, j’ai moi-même porté le drapeau de mon pays natal. J’étais sincèrement fier. »

Aujourd’hui Canadien, Adam trouve que le charme de sa première parade de la Fierté a quelque peu perdu de sa force. « Le défilé est devenu une occasion pour les entreprises et les marques de se mettre en avant. C’est devenu un spectacle de soutien prétendument envers les 2SLGBTQ+, mais qui ne se traduit pas par un réel investissement dans leurs vies, leur pouvoir et leurs aspirations » , dénonce-t-il.

Il demeure toutefois convaincu que cette parade conserve une signification politique importante. « En y participant, vous affirmez votre présence et vous revendiquez votre droit d’exister. Ça a une signification particulière pour ceux qui n’ont pas eu ou qui n’ont pas actuellement le privilège d’être eux-mêmes en toute sécurité et en toute liberté », explique-t-il.

Il évoque aussi une autre déception, celle-là liée au Village gai. « Je me souviens qu’au début, j’étais très heureux de fréquenter ce quartier. Mais au fil du temps, j’ai commencé à percevoir des micro-agressions, dit-il en hochant la tête. On a l’impression qu’on ne fait pas vraiment partie du groupe, qu’on n’est pas représenté. À moins d’être un homme gay, cisgenre et généralement blanc, il peut être difficile de trouver sa place dans le Village. Il n’y a même pas de bars lesbiens ou trans. Si vous regardez bien, la majorité des activités y sont centrées sur la communauté gaie. »

Le jeune Adam poursuit : « Ne se souviennent-ils pas de qui a initié tout ça ? Qui a jeté les premières briques à Stonewall ? C’étaient bien des femmes trans de couleur, et pourtant, elles ne trouvent pas leur place dans ce village arc-en-ciel. »

Selon lui, il existe beaucoup de racisme au sein des espaces queers où les Blancs sont largement majoritaires. « Les gens ne comprennent pas d’où nous venons. Ils peuvent être queers, mais cela ne les empêche pas d’être intolérants envers nous. Ils ont toujours l’impression que nous nous déplaçons à dos de chameau chez nous, comme s’il n’y avait pas de civilisation dans nos pays d’origine », regrette le Néo-Canadien. Il se souvient que, lors d’une soirée organisée au Village gai, une chose aussi simple que celle de faire jouer une musique de son pays ou du monde arabo-amazigh lui a été refusée. « C’est épuisant parce que nous devons constamment les éduquer. Leur expliquer que l’identité queer n’est pas une invention occidentale. Des figures queers ont existé avant et après l’islam ; il n’y a qu’à penser à des poètes comme Aboû Nouwâs ou à des acteurs comme Hanan El Tawil, qui est une femme trans. [L’aspect normatif des genres] est plutôt un concept colonial que nous avons malheureusement internalisé », ajoute-t-il.

Puis, il déclare avec optimisme : « Nous avons encore un long chemin à parcourir, mais au moins, nous sommes sur la bonne voie. »

Le privilège de passer inaperçu : une arme à double tranchant

Le soleil commence à décliner dans le ciel de la ville et teinte le Saint-Laurent d’une lueur orangée. Adam passe sa main sur sa barbe et poursuit : « Ces perceptions sont vraiment problématiques, car les personnes queers et trans ne pensent pas que je fais partie de leur communauté quand elles me voient. Parfois, on m’associe à l’image des hommes arabes barbus que les médias ont souvent dépeints comme des terroristes ou une source d’intolérance et de haine. »

Après son arrivée au Canada, Adam a continué sa transition hormonale et a subi une mastectomie, une intervention visant à retirer la poitrine pour obtenir un torse plus masculin. Cette transformation lui permet de  « passer » pour un homme cisgenre et hétérosexuel. À moins de le connaître personnellement, on ne peut deviner qu’il est trans. « En général, c’est un privilège, car je suis invisible et je n’attire pas l’attention des personnes intolérantes ou haineuses. »

C’est, selon lui, ce qui lui permet de se rendre dans les quartiers maghrébins sans risquer de subir d’agressions verbales. « Je dirais même que, dans ces milieux, je me sens plus en sécurité et plus confiant que les femmes », dit-il en évoquant les cafés, qui sont généralement fréquentés par des hommes. « Je ne révèle pas ma transidentité ou mon orientation sexuelle, je reste discret pour éviter tout conflit. »

Il souligne cependant que la communauté maghrébine n’est pas homogène, que tous ses membres ne sont pas transphobes : « Il y a une grande part de peur de notre côté (2SLGBTQ+). Une peur enracinée, qui vient de la discrimination qu’on a subie de la part de nos propres compatriotes, dans nos pays. Parfois, cette peur se loge en nous et peut nous amener à juger les autres sans discernement. »

Selon Adam, il existe un grand fossé dans la communauté nord-africaine entre les personnes hétérosexuelles et queers. « Au défilé de la Fierté, je vois rarement des personnes hétéros maghrébines qui sont des alliées et qui nous soutiennent. Ça m’attriste, même si j’en comprends les raisons**. J’aurais voulu qu’on se mélange, en sécurité », confie-t-il.

Adam laisse échapper un soupir. « Enfin, je suis chez moi », lance-t-il. Tandis qu’il nous parle, des canetons et une cane passent près de nous. Ce tableau lui rappelle sa propre famille :  « Je n’ai vu ma mère que sur un écran depuis 2017. » Disposant maintenant d’un passeport canadien, il entrevoit la possibilité de la retrouver à l’extérieur de l’Algérie.

Le ciel s’assombrit, Adam s’apprête à rentrer chez lui. Nous le quittons avec cette impression que, comme les oasis discrètes du Sahara algérien, il a toujours été cette rivière qui danse sans fin. Ses flux sont une énigme dissimulée dans des récits historiques, une présence cachée sous les grains de sable – et pourtant l’eau persiste. Ainsi, Adam n’a jamais flanché. Tel le ruisseau qui coule sans relâche, il a migré vers l’essence de son être.

*Extrait de la populaire chanson algérienne intitulée Maknine Ezzine (Ô joli chardonneret), écrite pendant la guerre d’indépendance par Mohamed el-Badji alors qu’il était en détention et dans l’attente de son exécution.

**Pour voir plus loin : Ramadan queer : briser le jeûne et les barrières – La Converse

L’actualité à travers le dialogue.
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