Manon Fleurant, ancienne locataire de la Société d'habitation populaire de l'Est de Montréal (SHAPEM). Photo: Christelle Saint-Julien
Logement
Mourir entre les mailles du système
1/4/22
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Initiative de journalisme local
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« J’ai sauvé des vies », dit sans détour Manon Fleurant. Pendant deux ans, elle a vécu sur la rue Pelletier, dans un logement de la Société d’habitation populaire de l’Est de Montréal (SHAPEM), un OBNL d’habitation. Il y a six mois, elle quittait Montréal-Nord pour s’installer dans un HLM de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. « Sinon, je serais encore là », enchaîne-t-elle. Aujourd’hui, Manon est de retour dans son ancien chez-soi pour assurer la distribution de nourriture mensuelle aux résidents, une initiative qu’elle a elle-même mise en place. Pour l’occasion, elle a demandé à sa sœur et à une amie de venir donner un coup de main. « Je m’occupe de la cuisine quand même, ça me permet de garder contact. Ça leur permet de me voir, et moi, de les voir – ils n’étaient pas contents quand je suis partie », raconte Manon.

On comprend rapidement pourquoi : Manon s’investit énormément auprès de ses voisins, au point d’être devenue une bouée de sauvetage. Tout au long de la pandémie de COVID-19, elle a assuré la distribution de nourriture. Elle le faisait d’abord de chez elle, au troisième étage, distribuant les denrées à l’aide d’une corde. Lorsque ce fut possible, elle et ses collègues bénévoles ont investi le local communautaire mis à leur disposition par Paroles D’ExcluEs, un OBNL porté par la mobilisation citoyenne et la recherche, dont les locaux se trouvent sur la propriété de la SHAPEM. « Il y en a qui seraient morts dans leur logement », raconte l’ancienne résidente. Lors de leurs visites régulières pour faire la distribution de nourriture, Manon Fleurant et Daniel Bissonnette, également résident, constatent l’état de santé et les besoins de plusieurs. Manon raconte comment elle a appelé le 911 pour un voisin, Fred*, à son insu. « Le médecin a dit que, quelques jours de plus, et il était mort », commente-t-elle au sujet de l’homme, qui a passé plusieurs mois à l’hôpital. Aujourd’hui, il se porte bien.

Perdre ses voisins

D’autres ont eu moins de chance. Dès son arrivée, Manon se lie d’amitié avec Célia. « Le docteur a dit : “Je n’ai jamais vu quelqu’un avoir le sourire jusqu’à son dernier souffle” », rapporte-t-elle de son amie, dont la bonne humeur était contagieuse. Manon explique que la sexagénaire, qui vivait seule, souffrait de la maladie de Lou-Gehrig, diagnostiquée trop tard.  « On ne m’a pas écouté », regrette-t-elle. Elle voyait l’état de santé de son amie qui se détériorait rapidement pendant la pandémie. « Nomme-les tous, j’ai appelé le CLSC, les services sociaux.... On n’a pas été entendus, jusqu’à la dernière fois, mais la dernière fois, il était trop tard. »Manon raconte avoir appelé l’ambulance à plusieurs reprises pour son amie. Une fois, les services d’urgence sont repartis sans la malade. La fois suivante, elle est sortie de l’hôpital le lendemain. « J’ai appelé sa sœur, je lui ai dit : “Mon Dieu, elle va rester dans son logement, il faut faire quelque chose” », se rappelle-t-elle. Elle convainc la patiente de se rendre de nouveau à l’hôpital, Célia repart en ambulance. « Quand le docteur l’a vue, il a dit qu’elle ne ressortirait pas », se désole Manon. Célia ne rentrera jamais chez elle, elle est décédée un mois plus tard. « Parce qu’on ne m’a pas écoutée, répète-t-elle. Ils auraient pu faire quelque chose bien avant pour atténuer ses souffrances. »

Quelques mois plus tôt, Marcel*, un voisin, est mort seul chez lui. « Il passait, il s’arrêtait tout le temps, souligne Manon, qui le voyait quotidiennement lorsqu’il se rendait au dépanneur du coin. C’était quelqu’un de connu et d’impliqué auprès des résidents de la SHAPEM, il s’affairait souvent à nettoyer la cour et les alentours. « Marcel, on lui donnait souvent à manger, il en rapportait pour ses voisines », affirme Manon en témoignant de sa générosité.

 Et puis, elle ne l’a plus revu. Ses appels sont demeurés sans réponse, elle est restée plusieurs jours sans nouvelles. « S’il avait des problèmes de santé, il n’en parlait pas, il ne se plaignait jamais, il était tout le temps content de nous voir », rapporte Manon de son voisin, qui buvait beaucoup. Les résidents ont alerté le personnel de Paroles D’Exclues. C’est une employée qui, en allant voir, a aperçu Marcel à terre, chez lui, où son décès a été constaté. Il y a un peu moins d’un mois, Elzéar* a été retrouvé mort. Manon et Daniel croient être les derniers à avoir eu de ses nouvelles lors de la distribution alimentaire du mois dernier. Deux semaines plus tard, on a appelé Manon pour lui dire qu’il était décédé chez lui. « Il avait des problèmes de mobilité, je sais qu’il était bien malade, je ne sais pas ce qu’il avait. C’est un autre qu’on a perdu », déplore Manon. « Ce sont de bonnes personnes, précise Manon au sujet des disparus. Malgré leur santé ou leurs problèmes. »

Vivre seul

« Ce n’est pas l’fun, être seul ; personne dans la vie n’a envie d’être seul », déclare Daniel Bissonnette, un citoyen impliqué. « Il y en a qui le font par choix, mais souvent, c’est un concours de circonstances », croit-il. Il vit dans les logements de la SHAPEM depuis près de 12 ans.

Daniel Bissonnette, locataire de la Société d'habitation populaire de l'Est de Montréal (SHAPEM).  Photo: Julien Forest

Daniel estime à 200 le nombre de logements des Habitations de la SHAPEM sur la rue Pelletier. Des familles y vivent, mais on compte une majorité de personnes seules, souvent âgées de 50 ans et plus. Au total, la SHAPEM gère un parc immobilier de 1 750  logements.

Au Québec, 1,2 million de personnes vivent seules, selon les chiffres du recensement de 2016 de Statistique Canada. Il s’agit de 17 % de la population, une proportion qui a doublé au cours des 30 dernières années. À Montréal, ce pourcentage atteignait 21 % de la population, contre 28 % des ménages au pays, soit 4 millions de Canadiens. Il a été noté dans le cadre de ces sondages que les personnes vivant seules étaient en moins bonne santé mentale et physique que celles qui vivaient avec d’autres. Aujourd’hui, avec sa complice Manon, Daniel prépare des sandwichs d’une main experte. Quand son ancienne voisine n’est pas là, il poursuit son travail dans le cadre d’autres projets citoyens dédiés aux résidents.  « Savoir qu’il y a des gens autour qui sont là, qui remarquent si on ne nous voit pas, c’est rassurant, juge Daniel. Quand tu vis seul, surtout si tu sors peu, tu as intérêt à ce qu’il y ait du monde qui te surveille. » Justement, il fait état d’un voisin qui éprouve des difficultés et qui est malade. Il passera plus tard. « Avec le dépannage alimentaire, on a réussi à voir que les gens n’allaient pas bien.

On a mis tellement de choses de l’avant pendant la pandémie », dit-il. Il raconte également l’histoire de Célia*. Des histoires, il en a bien d’autres encore. Des vies sauvées, d’autres perdues. « Ça arrive régulièrement qu’on retrouve quelqu’un », regrette-t-il. Il raconte comment, depuis la pandémie, les organismes communautaires ont été absents des lieux. « ll n’y a pas eu d’activité mise de l’avant, sauf celles par les citoyens », mentionne-t-il. Le déconfinement n’a pas su ramener ces services sur place. « Tous les accès qu’on avait avant se sont fermés, malgré la réouverture », poursuit Daniel. Il souligne que les résidents vivent dans un désert de services. Ill n’y a pas de clinique ou de pharmacie tout près, et le supermarché le plus proche est à Laval, de l’autre côté du pont.

 Il dénonce le fait qu’il est difficile d’obtenir de l’aide des services de santé et des services sociaux, qui sont pourtant là pour ça. « C’est une machine bureaucratique du gouvernement. Tu as beau avoir des problèmes aujourd’hui, appelle au CLSC, tu n’auras pas de service demain matin. Les CLSC sont tellement bureaucratisés qu’il n’y a plus rien qui fonctionne », déplore le résident.Daniel observe également que peu de mesures se rendent jusqu’aux gens, là où ils se trouvent. « Il faut travailler sur le terrain. C’est sur le terrain que la réalité se passe. »

Il souligne les efforts et les initiatives des citoyens des Habitations de la SHAPEM pendant la pandémie, que le personnel du CLSC local a été invité à découvrir lors d’une rencontre. L’événement l’a beaucoup marqué. « On a réussi à les faire sortir de leurs bureaux. C’était une belle journée », se souvient-il. Daniel raconte que leurs invités eux-mêmes étaient contents de sortir, et qu’ils avaient dû expliquer à leurs patrons pourquoi ils allaient sur place. « Les sortir de leurs bureaux, ç’a été l’affaire du siècle. Pourtant, c’est hors de leurs bureaux que les affaires se passent », fait-il valoir. Il souhaite que cette visite ait permis de démontrer combien les services de proximité peuvent être utiles. « Nous, si on ne fait pas preuve d’innovation, d’imagination, et qu’on se fout les uns des autres, rien ne se passera. »Pendant 25 ans, Daniel a travaillé comme préposé aux bénéficiaires. Il se fait critique du système de santé, notamment du manque d’accès. « L’urgence est la porte d’entrée du système de santé.

Pourtant, c’est la dernière place où tu devrais atterrir », dit-il en souhaitant que les gens puissent se faire soigner avant qu’il ne soit trop tard. Il nous raconte combien ses voisins ont peur d’aller à l’hôpital, car ils craignent de ne pas être écoutés ou d’être pris au sérieux. « Pourtant, c’est évident que les gens ont besoin de soins. »En attendant, il fait lui-même le travail. « Je veux qu’on forme des citoyens pour qu’on ait un 911 citoyen. On appelle notre monde, au moins on sait ce qui se passe autour. S’il n’y a pas ça, ici, personne ne va le faire. »

Culpabilité, impuissance et frustration

À l’intérieur des murs de la SHAPEM se trouvent depuis 15 ans les bureaux de Paroles D’Exclues. La mission de l’OBNL est de favoriser la mobilisation citoyenne. C’est dans leurs locaux que Manon et Daniel préparent à manger. Les résidents du quartier peuvent également y venir jaser, prendre un café, se renseigner, proposer des idées.

« Il y a beaucoup d’écoute des besoins pour voir si des mesures peuvent être prises et mener à des changements, comme il y a aussi beaucoup de référencement vers des ressources », explique Marie-Soleil Garzon, chargée de mobilisation.

Un immeuble de la Société d'habitation populaire de l'Est de Montréal (SHAPEM), à Montréal-Nord.  Photo: Christelle Saint-Julien

Comme l’organisme n’offre pas de services, le personnel se retrouve parfois acculé au pied du mur. « C’est quelque chose qui aurait pu ne pas arriver, évalue Christine*, ancienne chargée de mobilisation, au sujet des trois décès dont elle a été témoin. Un autre s’est produit tout juste avant son arrivée en poste. Combien de personnes sont mortes seules sur l’île de Montréal ? Impossible de le dire, aucune donnée n’est répertoriée à ce sujet. « J’en connais quatre, c’est quatre de trop », résume Christine avec tristesse.

Dans ces circonstances, difficile de connaître l’ampleur du phénomène ailleurs. C’est elle qui a découvert le corps de Marcel après qu’une voisine lui eut indiqué qu’elle n’entendait plus ses va-et-vient. « Les voisins avaient dit que Marcel n’allait pas bien », se rappelle-t-elle. Même son de cloche pour Célia. « On l’a envoyée combien de fois à l’hôpital avant qu’ils découvrent qu’elle avait une maladie dégénérative ? » demande-t-elle.

Elle s’explique difficilement la mort d’Elzéar. « On l’a perdu, on n’aurait pas dû le perdre. Je me suis battue pour qu’il ait des soins à domicile, c’était une personne âgée. J’avais vraiment mis un drapeau rouge sur sa situation », rapporte-t-elle au sujet de l’homme qui vivait seul et qui l’avait prise en affection. Il l’appelait souvent pour la remercier. Le sexagénaire n’avait pas de famille. « Il y en a plusieurs, des gens à Montréal-Nord, qui sont seuls, qui n’ont pas de réseau social », rappelle-t-elle. Des voisins ont senti une odeur et ont sonné l’alarme.

Les services d’urgence ont découvert sa dépouille dans son logement. Christine n’est pas intervenante sociale, elle compare plutôt son ancien rôle à celui d’animatrice de quartier. « Je peux au moins évaluer ce dont la personne a besoin », dit-elle. La chargée de mobilisation entreprend des démarches auprès des services sociaux pour obtenir des suivis. « Je frappais aux portes et je n’avais pas de réponse, c’était compliqué », fait-elle savoir.

Plusieurs citoyens n’osaient pas téléphoner au 911 en cas d’urgence ; ils appelaient d’abord Christine, parfois le samedi à minuit. « J’ai toujours répondu au téléphone. Je les incitais à téléphoner au 911, je leur disais quoi dire. “Oui, mais ils vont être fâchés contre nous”, répondaient-ils. Je leur disais que non », illustre Christine, qui a depuis quitté son poste. Elle témoigne des conséquences qu’ont eues ces situations regrettables sur les citoyens. « Il y a beaucoup de gens seuls qui voient ça et qui se disent : “Ça peut m’arriver.” Je peux tomber dans mon appartement, et personne ne va s’en apercevoir. C’est terrible, cette solitude. »

Sa collègue Marie-Soleil Garzon abonde dans le même sens. « De la culpabilité, de l’impuissance, de la frustration », énumère-t-elle pour parler des sentiments des résidents. « Les résidents se sont créé un filet social parce qu’ils ont vu que, s’ils ne le faisaient, ils pouvaient perdre des gens. »

Obtenir de l’aide

Au Québec, c’est le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) qui a pour mission d’aider la population à obtenir les services de santé et les services sociaux dont elle a besoin. Les CIUSSS sont répartis par secteur et encadrent notamment les centres hospitaliers et les centres locaux de services communautaires (CLSC). Marie-Hélène Giguère, cheffe de service des relations avec la population et des relations publiques au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, indique que l’organe gouvernemental est présent dans les OBNL d’habitation pour les aînés – dont la SHAPEM ne fait pas partie, car l’organisme offre des logements pour tous. La relationniste affirme que le manque d’accès aux services et la mort de personnes seules chez elles n’ont pas été évoqués à la Table de concertation des aînés du secteur, pas plus que dans les différents programmes et services du CIUSSS.

« Après vérification auprès de notre équipe en organisation communautaire et santé publique, je peux confirmer que la mobilisation de la communauté est particulièrement dynamique auprès des aînés en ce moment dans Montréal-Nord », avance Mme Giguère. Elle précise qu’on peut compter sur les équipes de sensibilisation, qui font du porte-à-porte, pour prévenir le déconditionnement des personnes âgées, de même que sur une collaboration étroite avec les partenaires communautaires et la direction régionale de la Santé publique. Ce n’est pas ce qu’observent les actrices sur le terrain. Marie-Soleil Garzon estime que les citoyens sont laissés à eux-mêmes et obligés de veiller les uns sur les autres. « Ils essaient de pallier le problème, mais ce n’est pas à eux de le faire. Ils n’ont pas cette responsabilité. Ils doivent déjà prendre soin d’eux et de leur charge quotidienne », dit-elle.

Elle demande qu’il y ait des services de proximité qui aillent vers les gens, car plusieurs ont des problèmes de santé connus. « Ça prend de la proximité. Ce n’est pas tout le monde qui a les moyens de se rendre au CLSC, et c’est intimidant pour quelqu’un qui ne se sent pas en confiance », dit-elle. Elle croit que le système actuel est conçu pour ceux qui sont capables de se déplacer vers les services, qui sont bien traités depuis le début ou qui ne se sentent pas stigmatisés. « Il y a des gens qui n’ont pas de téléphone pour prendre rendez-vous, d’autres qui ne savent pas comment faire – c’est pensé pour une certaine population, ça reste inaccessible à tous », résume Mme Garzon.

Des expériences de santé de proximité ont été menées ponctuellement auprès des résidents. Mme Garzon souhaite qu’un projet de longue durée soit mis en place, avec des gens qui assurent le relais, qui apprennent à connaître les citoyens et qui soient prêts à faire des interventions ou des consultations. « C’est un format qui fonctionne bien avec les résidents, et c’est l’un des moyens qui leur permettent de se confier et de se sentir en confiance. Ça prend de la polyvalence, dans le fond, et de la flexibilité », croit-elle. Par exemple, dans les résidences pour personnes âgées, il y a du personnel sur place, comme dans une école, il y a une infirmière. « Une fois qu’on a trouvé de l’aide, il faut aussi pouvoir la garder », poursuit son ancienne collègue Christine. « Le CSLC travaille beaucoup à la demande.

Ces gens-là ne demandent plus », témoigne-t-elle. Elle suggère que des travailleurs de rue, comme ceux qui œuvrent auprès des jeunes, soient dépêchés auprès des aînés. « Ce serait intéressant de repérer les personnes seules, d’évaluer leurs besoins. » Et, à long terme, des suivis doivent également être assurés avec constance. Elle est d’avis que les services de santé publique doivent faire volte-face et elle espère une meilleure collaboration entre ces derniers et les organismes communautaires.« Ce que je peux observer, c’est que les travailleurs souhaitent faire du travail de proximité – sortir du CLSC, de l’hôpital, et aller sur le terrain », dit celle qui a rencontré de nombreux intervenants. Cette volonté d’agir doit aller dans un certain sens. « La santé publique est un gros paquebot, on ne vire pas ça comme on veut. »

Logement et isolement

Si ces décès se sont produits dans des logements de la SHAPEM, Christine estime que l’OBNL fait ce qu’il peut. Nous avons communiqué avec la SHAPEM à ce sujet, mais nous n’avions pas obtenu de réponse au moment d’écrire ces lignes. « Il s’agit quand même d’un acteur important dans l’habitation sociale, un acteur qui est connecté dans son milieu », dit Marc-André Desrochers, ancien directeur de la mobilisation territoriale de l’organisation. Il explique que l’OBNL d’habitation sociale développe des liens avec des organisations communautaires et des services sociaux, mais n’offre pas de soutien comme tel aux locataires. Loger des gens présentant différents profils entraîne toutes sortes de défis pour l’organisme. Pour obtenir un logement, les citoyens doivent passer par l’Office municipal d’habitation de Montréal pour faire une demande. Il souligne que les services sociaux manquent de ressources, notamment d’intervenants sur le terrain. « Un OBNL ne peut pas se permettre des intervenants terrain.

Ça ne peut pas faire partie d’une équipe en place dans un milieu. Ce n’est pas le rôle du propriétaire à la base », indique-t-il. M. Desrochers est d’avis que l’isolement est un problème de société, qui s’observe moins à la SHAPEM qu’ailleurs. « Les aînés, les personnes isolées, il y en a partout dans nos communautés. Mais on voit la capacité, surtout la volonté de tisser des liens qui fait en sorte que les gens sont moins seuls que d’autres », se réjouit-il. Il ne sert à rien de nommer des coupables pour les décès. « Il se peut que la personne se soit coupée de son milieu pour toutes sortes de raisons, dont elle a le contrôle. Toutes sortes de raisons peuvent expliquer qu’une personne soit isolée. » Selon lui, bien des gens ne veulent pas recevoir de visites.Alors, qui vient en aide aux gens seuls et vulnérables ? Pour éviter le pire, le résident Daniel Bissonnette souhaite que chacun développe l’habitude de connaître ses voisins et les membres de son entourage. « Il faut continuer, ne pas s’arrêter, aider. Le but, c’est ça. »

*Le prénom de certaines des personnes que nous avons rencontrées a été volontairement modifié afin de préserver leur anonymat.

Avec les informations de Julien Forest.

L’actualité à travers le dialogue.
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