Dans le cadre de l’École Converse, en collaboration avec le Forum Jeunesse de Saint-Michel, Ahmed a demandé de braquer les projecteurs sur de personnes inspirantes issues des quartiers. « Les jeunes ont besoin de personnes qui viennent des mêmes endroits qu’eux et qui ont réussi dans leur vie afin de les inspirer », avait-il déclaré.
Se reconnaître dans le parcours d’une personne est important pour les jeunes, à qui on associe plusieurs stéréotypes, dont le décrochage scolaire, la violence, la délinquance. C’est donc dans cet esprit que La Converse lance la série Hood Heroes, qui met de l’avant des personnes venant des quartiers qui inspirent les jeunes grâce à leur quotidien. Hood Heroes présente des personnes dont les parcours sont bien distincts les uns des autres, mais tous aussi inspirants les uns des autres. Avant le lancement de cette série, il était primordial pour l’équipe de La Converse de définir ce qu'est le hood.
Pour ce faire, nous sommes partis interroger des jeunes afin de connaître leur définition.
Qu’est-ce que le hood ?
« Quand j’entends ce mot, je l’associe aux gangs, à une mauvaise place, à quelque chose de dangereux », répond Laurence, une étudiante du Cégep d’Ahuntsic arrivée à Montréal il y a à peine une semaine. À l’occasion de la rentrée scolaire, La Converse s’est rendue aux Cégeps de Maisonneuve et d’Ahuntsic, à la rencontre des plus grands utilisateurs du mot hood : les jeunes de Montréal. Nous avons interrogé une trentaine d’étudiants sur ce sujet, et ce sont souvent les mêmes mots qui sont revenus.
Micro-trottoir sur la définition du hood et de son image avec la jeunesse montréalaise
Le hood d’aujourd’hui
Initialement, le terme « hood » est le dérivé du mot anglais « neighborhood », qui signifie quartier. Il désigne donc une place où on vit, où on a vécu, où on se trouve. « Communauté », « quartier défavorisé », « dangereux » – voilà les mots que les 18-25 ans que nous avons interrogés associent au hood. Qu’ils y vivent ou non, ils ont une image assez négative du terme.
Quand ils parlent de communautés vivant dans le hood, ce sont souvent les communautés noires et arabes qui sont désignées. Il n’empêche que beaucoup ne tombent pas dans la généralisation et évoquent ainsi surtout le regroupement d’une communauté dans un même quartier. « Chaque communauté représente un quartier. Quand on parle de Montréal-Nord, on pense aux Haïtiens ; à Saint-Léonard, ce sont les Italiens ; dans le Petit Maghreb, la communauté arabe, etc. » explique Wilson, qui vit à Rosemont et qui ne voit pas cela d’un mauvais œil.
« Quartier défavorisé » est l’expression qu’on retrouve sur toutes les lèvres quand on discute du mot « hood », et cette expression est souvent accompagnée de nombreux adjectifs faisant référence à la violence. « Ah, le hood, c’est violent, ce n’est pas un endroit tranquille ! » lance un jeune du Cégep de Maisonneuve avant même qu’on lui ait directement posé la question.
Les mots « gang », « dangereux » ou encore « violence » sont assimilés au terme « hood » pour la plupart des jeunes Montréalais.
D’autres étudiants venant du hood dénoncent la connotation négative du terme. « Au-delà de cette image populaire, c’est un endroit où tout le monde se sent à l’aise et se sent appartenir à une communauté », affirme Djamel, un étudiant d’Ahuntsic. « C’est surtout un endroit où chacun peut se mettre à la place de l’autre, de son voisin par exemple. Il y a beaucoup d’empathie, plus que dans d’autres quartiers de Montréal », ajoute Michael, un jeune de Saint-Michel.
À qui la faute ?
« Je pense aux quartiers des villes des États-Unis – des quartiers violents où il y a tout le temps des meurtres et des fusillades », nous confie Maria, une résidante de Saint-Michel et étudiante du Cégep de Maisonneuve, avant de conclure : « C’est surtout ce que je vois dans les films. »
Mais comment la simple abréviation du mot « neighborhood » peut-elle être associée à une image aussi négative ?
Les réseaux sociaux, le cinéma, la musique et les médias – tous contribuent à ce phénomène. L’un des premiers exemples de cela est le film Boyz n the Hood, sorti en 1991, dont l’action se déroule à South Central, un quartier défavorisé de Los Angeles. Le terme a ensuite été utilisé à de nombreuses reprises par des rappeurs dans les années 1990 et 2000, dont Tupac et FIfty Cent. En 2005, ce dernier sort la chanson In My Hood, dans laquelle il évoque les expériences difficiles qu’il a vécues dans certains quartiers.
Puis survient l’explosion des réseaux sociaux et des plateformes numériques (YouTube, Dailymotion, etc.). « Que ce soit à la télévision ou dans des chansons, on nous présente la même image des personnes qui viennent du hood. Alors nous, qui ne venons pas du hood, on pense que c’est la réalité ; alors que ce n’est pas forcément le cas », résume un jeune de Laval. Avec le temps, l’image du « ghetto » et celle du hood ont fini par se confondre, à tel point que le dernier a pris la place du premier.
Le mot « ghetto » désigne un quartier où les conditions sont précaires et où vivent des communautés marginalisées. Après avoir recueilli les propos de nos étudiants, nous pouvons dire que cette définition s'applique aujourd’hui au mot « hood ». L’image qui y est associée, renforcée par le temps et l’usage qu’en font les nouvelles générations, est donc négative. Mais la réalité du hood correspond-elle à ce que tous en disent ?
Une image qui fait oublier le sens
« Il y a ce côté-là, péjoratif, qu’on associe au hood, mais quand on regarde dans les quartiers immigrants, les quartiers les plus pauvres, on constate qu’il existe un sentiment d’appartenance, de loyauté et d’entraide », expliquait Fahim Haque, cofondateur de l’association Pour le Hood, à La Presse en décembre 2020. Deux ans plus tard, cette citation reste pertinente. La Converse a communiqué avec M. Haque pour s’entretenir avec lui de cette question.
Pour celui qui a grandi à Côte-des-Neiges, il est important de faire attention à l’image du hood, qui est déjà assez dégradée. « Quand on parle des quartiers de Montréal-Nord, de NDG (Notre-Dame-de-Grâce, NDLR) ou de Saint-Michel, on va utiliser le mot “hood”. Par contre, quand il s’agit de Westmount ou du Plateau-Mont-Royal, on va les désigner comme des “quartiers” ou des “arrondissements” », constate M. Haque.
Selon le cofondateur de Pour le Hood, ll ne s’agit pas forcément de redorer le blason du mot, mais de l’utiliser dans des contextes de réussite. « Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la musique, le hood est vu comme une chose négative. Quand on réussit, il faut être fier de dire qu’on vient du hood pour donner le bon exemple aux jeunes du quartier. Si des joueurs de la NBA comme Chris Boucher ou Luguentz Dort, venus du quartier de Saint-Michel, te parlent de leur hood, le mot évoque déjà quelque chose qui est bien opposé aux armes, à la violence et à la drogue. »
C'est pour aller au-delà de cette image du hood, qui est souvent péjorative, que la série Hood Heroes vient mettre de l’avant des personnes qui ont réussi à se construire malgré les stéréotypes qui entourent leur hood d’origine. Cette série vise aussi à inspirer cette jeunesse du hood.
Alors, qui sont VOS Hood Heroes? On veut les rencontrer! Vous avez des idées?, écrivez-nous à info@laconverse.com